En 2024, les routes migratoires vers l’Espagne, en particulier celles menant aux îles Canaries, ont atteint des niveaux tragiques jamais enregistrés. Selon un rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 10 400 migrants ont perdu la vie ou ont disparu en mer cette année, marquant une hausse dramatique par rapport aux années précédentes.
Une route mortelle : l’Atlantique vers les Canaries
La route Atlantique, reliant le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc à l’archipel des Canaries, demeure la plus meurtrière au monde. Elle concentre 95 % des décès recensés en 2024. Plus de 400 femmes et 1 500 enfants figurent parmi les victimes. La traversée au départ de la Mauritanie, à elle seule, a causé autant de morts que toutes les autres routes migratoires vers l’Espagne l’année précédente. Ces drames se déroulent dans un contexte où les migrants, majoritairement originaires du Sahel, fuient les conflits armés, les effets du changement climatique et les violences récurrentes dans leurs régions.
Une hausse inquiétante des décès
Entre janvier et la mi-décembre 2024, les décès sur les routes migratoires vers l’Espagne ont atteint un rythme alarmant de 30 morts par jour. Au total, ces tragédies ont concerné des personnes originaires de 28 pays, principalement d’Afrique de l’Ouest, mais aussi du Pakistan et du Yémen. L’augmentation de 58 % par rapport à 2023, où 6 618 morts ou disparus avaient été enregistrés, s’explique par plusieurs facteurs. Caminando Fronteras souligne notamment le manque de sauvetages en mer, les départs dans des conditions météorologiques défavorables et l’utilisation d’embarcations de fortune dépourvues d’équipements essentiels.
L’ONG dénonce une priorisation du contrôle des flux migratoires au détriment du droit à la vie. Les naufrages répétés, même par mauvais temps, n’ont pas dissuadé les passeurs, qui profitent du faible niveau de surveillance sur ces itinéraires.
Une pression accrue sur les Canaries
Parallèlement, le ministère espagnol de l’Intérieur a signalé une augmentation des arrivées illégales par voie terrestre et maritime. En 2024, plus de 60 000 migrants sont entrés en Espagne, dont 43 737 dans les Canaries, soit une hausse de 18,6 % par rapport à l’année précédente. Cette situation a placé les autorités locales sous une pression extrême, notamment pour la prise en charge des mineurs non accompagnés.
Une décennie de tragédies
Sur une période de dix ans, entre 2014 et 2024, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que plus de 16 400 migrants ont perdu la vie ou disparu en Afrique, que ce soit dans les traversées maritimes ou lors de périples à travers le désert du Sahara. Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence de repenser les politiques migratoires et les efforts de sauvetage pour préserver la vie des milliers de personnes en quête de sécurité et d’un avenir meilleur.