Le président de la Confédération des États du Sahel (AES), Assimi Goïta, a annoncé la mise en circulation du passeport confédéral commun au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Selon des sources telles que le Monde, AFP et jeune Afrique, la fabrication de ces passeports a été confiée à IN Groupe, une société française spécialisée dans la production de documents d’identité sécurisés. Ce choix suscite déjà des controverses, car il intervient alors que ces trois pays ont récemment expulsé les troupes françaises de leur territoire et dénoncé leurs accords militaires avec Paris.

Un choix stratégique mais controversé
La décision de confier la production de ce document officiel à IN Groupe, une entreprise publique française, ne manque pas de faire réagir. En effet, cette société est détenue à 100 % par l’État français via l’Agence des participations de l’État et joue un rôle central dans la fabrication de documents officiels français et internationaux. Or, les dirigeants de l’AES ont adopté ces dernières années un discours de rupture avec la France, dénonçant son influence et expulsant ses forces militaires du Sahel.
De nombreux observateurs estiment donc paradoxal que ces mêmes pays choisissent une entreprise française pour produire un document aussi symbolique que leur passeport confédéral. Certains voient dans ce choix une contradiction avec la volonté affichée par l’AES de renforcer son indépendance vis-à-vis de la France et de développer des partenariats avec d’autres acteurs internationaux, comme la Russie ou la Turquie.
IN Groupe, un expert en biométrie et en sécurité des documents
Malgré la controverse, ce choix s’explique par l’expertise technique d’IN Groupe, qui est un leader mondial dans la fabrication de documents d’identité sécurisés. Anciennement connue sous le nom d’Imprimerie nationale, l’entreprise fournit des passeports, cartes d’identité et autres documents officiels à plusieurs États.
En 2024, elle a renforcé sa position en acquérant la division Smart Identity du groupe Idemia, un autre acteur majeur du secteur.Un test pour la souveraineté de l’AESL’adoption de ce passeport confédéral représente une avancée majeure pour l’intégration des pays de l’AES. Cependant, cette décision met également en lumière les défis de leur quête de souveraineté. Si la fabrication de ces documents a été confiée à une entreprise étrangère, cela pourrait relancer le débat sur la capacité des pays de l’AES à développer une industrie locale capable de répondre à ces besoins stratégiques.Reste à voir comment cette initiative sera perçue par les citoyens des trois pays et si elle renforcera réellement leur indépendance ou si, au contraire, elle alimentera de nouvelles critiques sur leur relation avec la France.