AFRIQUE- CONSEIL DE SÉCURITÉ ONU : LES ÉTATS-UNIS SOUTIENNENT L’IDEE DE DEUX SIEGES PERMANENTS POUR LE CONTINENT

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C’est un soutien de poids que vient de recevoir l’Afrique aux Nations unies (ONU) ce jeudi 12 septembre après une annonce de l’ambassadrice américaine auprès de cette organisation. Les États-Unis se disent favorables à l’ouverture de deux sièges permanents réservés à l’Afrique au Conseil de sécurité. 

C’est au nom d’un rééquilibrage au sein de l’institution des Nations unies, et particulièrement au sein du Conseil de sécurité, que Linda Thomas-Greenfield a annoncé à New York, ce 12 septembre, la volonté des États-Unis de soutenir la création de, non pas un, mais deux sièges permanents pour les pays africains au sein dudit Conseil.

Cela fait presque 30 ans que le continent demande une représentation équitable au sein de tous les organes décideurs de l’ONU, et en particulier son Conseil de sécurité. 

Ainsi, les États-Unis se joignent à la Russie qui, cet été encore, a défendu l’idée d’une recomposition du Conseil de sécurité, avec plus de place pour l’Afrique faisant donc deux membres permanents sur cinq.  C’est une réponse à une demande africaine vieille de 27 ans et inscrite dans l’agenda de l’Union africaine (UA) avec le consensus d’Ezulwini conclu en 2005.

CMP work continues in the Security Council Chamber and Conference Room areas, nearly completed.

Réparation d’une injustice historique

« Le Conseil de sécurité a un problème de légitimité et doit être réformé » selon une déclaration du secrétaire général de l’ONU António Guterres, ce mercredi 11 septembre.

Pour l’Afrique, il s’agit surtout de réparer une injustice historique car l’ONU a été créée juste après la Seconde Guerre mondiale, à une époque où l’ordre planétaire était radicalement différent, notamment pour les territoires africains encore sous colonisation.

Aujourd’hui, près de 30% des pays membres de l’ONU sont Africains. Avant les guerres en Ukraine et à Gaza, l’agenda du Conseil de sécurité était essentiellement consacré aux questions africaines. Et pourtant, le continent ne dispose actuellement que de trois sièges non-permanents. 

Mais la position américaine ne répond pas non plus à l’ensemble des attentes africaines. Car l’ambassadrice Thomas-Greenfield a également précisé que les États-Unis ne voulaient pas élargir le droit de veto au-delà des cinq membres permanents actuels. Le Conseil de sécurité compte actuellement cinq membres permanents : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine et la Russie.

Sur ce non-élargissement du droit de veto, les pays africains ne sont pas d’accord. Le droit de veto est un instrument très puissant au sein du Conseil : il suffit qu’un membre l’utilise pour empêcher l’application de toute décision, une « forme d’hypocrisie » pour Romuald Sciora, chercheur associé à l’IRIS et directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis.

Ce dernier pense que « cet élargissement n’aura pas lieu dans l’immédiat » et que cette annonce réside davantage dans une tentative pour les États-Unis de « redorer leur blason » envers des pays africains, sur fond de guerre d’influence avec la Russie et la Chine sur le continent. 

Quels pays pour occuper ces sièges ? 

Dans l’hypothèse où cette proposition sera adoptée, il s’agira ensuite de savoir quels seront les pays désignés pour siéger au nom de l’Afrique. On imagine que les grandes puissances économiques et militaires du continent seront privilégiées. On pense à l’Afrique du Sud, à l’Égypte, au Nigeria, au Sénégal ou encore au Kenya ou au Maroc. 

En 2022, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, l’ex-président sénégalais Macky Sall, alors président en exercice de l’Union africaine, déclarait qu’il est temps de déconstruire les narratifs qui confinent l’Afrique hors des cercles décisionnels, et de faire droit à la légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de sécurité.

Par ailleurs, les États-Unis devraient continuer à demander des sièges permanents pour le Japon, l’Inde et l’Allemagne. Ils imaginent donc un nouveau Conseil de sécurité composé de neuf membres permanents à cause des changements climatiques. Ils demanderaient aussi un siège tournant supplémentaire pour les îles en développement à travers le monde, ainsi qu’un autre pour les pays d’Amérique latine. Pour passer, le projet de résolution devra d’abord être ratifié par le Sénat américain, être approuvé par les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité et voté par les deux tiers de l’Assemblée générale.

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