AFRIQUE DU SUD : PRÈS DE 4000 MINEURS ILLÉGAUX ASSIÉGÉS PAR LA POLICE

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Dans la province du Nord-Ouest en Afrique du Sud, une situation tendue oppose la police et des milliers de mineurs clandestins retranchés dans une ancienne mine d’or à Stilfontein. Ces mineurs, souvent issus de pays voisins tels que le Lesotho ou le Mozambique, creusent les puits abandonnés à la recherche d’or. Leur activité, illégale et extrêmement dangereuse, fait face à une répression sans précédent de la part des autorités sud-africaines.

Vue aérienne de la mine désaffectée de Stilfontein, en Afrique du Sud, mercredi 13 novembre 2024. Associated Press.

Un siège pour forcer la reddition

Depuis le 18 octobre, les forces de l’ordre sud-africaines ont intensifié leurs efforts pour démanteler les opérations de ces mineurs illégaux appelés « zama zamas » — littéralement « ceux qui essaient » en langue zouloue. Le but de l’opération Vala Umgodi (« Boucher les trous ») est clair : couper l’approvisionnement en eau et en nourriture pour contraindre les mineurs à remonter à la surface, où ils sont immédiatement arrêtés. Plus de 1 000 mineurs ont déjà été capturés dans ce contexte, piégés par la faim et la soif.

D’après les autorités, jusqu’à 4 000 mineurs seraient encore coincés sous terre. Cependant, la porte-parole de la police, Athlenda Mathe, tempère ce chiffre, estimant qu’ils seraient plutôt entre 350 et 400. Quoi qu’il en soit, la police maintient le siège autour de la mine, refusant d’envoyer des secours malgré les appels des familles et des membres de la communauté.

Des conditions de survie précaires

Les récits des volontaires qui ont pu descendre dans le puits sont alarmants. Beaucoup des mineurs seraient dans un état de déshydratation sévère, incapables de remonter par leurs propres moyens. « Certains sont tellement affaiblis qu’ils ne peuvent plus se hisser à l’aide de cordes comme ils le font habituellement », rapporte un habitant de Stilfontein qui a bravé les interdits pour apporter un peu de secours aux mineurs.

La police a brièvement autorisé des volontaires à descendre quelques provisions, mais cette assistance reste limitée. Les mineurs, conscients que la surface signifie une arrestation imminente, hésitent à remonter, exigeant d’abord que les plus faibles soient secourus et que les corps des personnes décédées soient extraits.

Des secouristes bénévoles et membres de la communauté mobilisés pour venir en aide aux mineurs restés dans la mine de Stilfontein. Associated Press

Des propos controversés du gouvernement

La ministre déléguée à la présidence, Khumbudzo Ntshavheni, a suscité une vive indignation en tenant des propos jugés insensibles. « Nous allons les asphyxier, ils finiront par remonter. Les criminels ne doivent pas recevoir d’aide », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, balayant d’un revers de main les suggestions d’apporter une assistance humanitaire aux mineurs en détresse.

Ces propos ont été vivement critiqués par les syndicats de mineurs. Phillip Mankge, secrétaire général adjoint de la National Union of Mineworkers, a qualifié la déclaration d’« inhumaine et irresponsable ». Il déplore également une stigmatisation des mineurs illégaux, souvent noirs et pauvres, tandis que des entreprises illégales, parfois gérées par des étrangers, continuent d’exploiter les ressources minières en toute impunité.

Un contexte explosif rappelant Marikana

La situation actuelle à Stilfontein n’est pas sans rappeler le massacre de Marikana en 2012, où 34 mineurs grévistes avaient été abattus par la police dans des circonstances controversées. Le parallèle est dressé par Joseph Mathunjwa, président de l’Association of Mineworkers and Construction Union. Il met en garde contre une escalade de la violence, soulignant le risque de répression excessive par les autorités.

Toutefois, une partie de la population locale soutient les actions de la police. Les mineurs clandestins sont souvent perçus comme une menace pour les communautés environnantes, accusés de piller les ressources et d’être liés à une augmentation de la criminalité.

Pour les mineurs, les jours qui viennent seront décisifs. Affamés, déshydratés, mais déterminés à ne pas se rendre facilement, ils restent piégés dans les entrailles de la mine désaffectée de Stilfontein, dans un face-à-face éprouvant avec des forces de l’ordre déterminées à mettre fin à l’exploitation illégale des ressources minières du pays.

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