Ce mercredi 8 novembre, un rapport d’information parlementaire sur les liens entre la France et l’Afrique a été soumis à l’Assemblée Nationale. Les deux rapporteurs, Bruno Fuchs du Modem et Michèle Tabarot du LR, émettent une série de suggestions pour améliorer cette relation, tout en critiquant la méthode d’Emmanuel Macron ainsi que la stratégie appliquée depuis une vingtaine d’années.
C’est un rapport de 175 pages, issues de plusieurs dizaines d’audition parmi lesquelles celles de l’ancien président François Hollande, mais aussi de Mohamed Bazoum, juste avant que le chef d’État nigérien soit renversé par un coup d’État militaire en juillet dernier. La politique de la France vis-à-vis des coups d’État fait partie des critiques adressées par Bruno Fuchs et Michèle Tabarot.
Les deux députés dénoncent entre autres le double standard de condamner certains coups d’états, comme au Mali ou au Burkina Faso, tout en validant d’autres, comme au Tchad.
Les « maladresses vexatoires », dans les mots – comme ceux d’Emmanuel Macron envers le président congolais Félix Tshisekedi en mars dernier, ou des actes tel que le sommet Afrique France de Montpellier où n’avaient pas été conviés les chefs d’État africains, doivent cesser, selon les parlementaires. Tout comme une politique des visas jugée « humiliante » par les élites africaines.
Dans leurs propositions, ils appellent donc à plus de cohérence et de respect : la création d’un visa spécifique pour les pays d’Afrique francophone, rebâtir un corps diplomatique plus vigoureux et plus ouvert aux Français afro-descendants. Autres recommandations : transformer l’Agence Française de Développement en France Partenariat, ou encore remettre la politique africaine de la France au cœur du débat parlementaire.
Parmi les recommandations proposées, il est suggéré d’introduire « l’Afrique d’aujourd’hui » dans les programmes d’études des écoles françaises, ainsi que de renforcer les études africaines dans les grandes écoles en France et peut-être de créer un institut de recherche supérieure sur l’Afrique. Cette approche serait complétée par une coopération plus étroite entre les Instituts français et les pays d’accueil, tout en consolidant leur réseau. En outre, il est préconisé de renforcer les moyens des ambassades afin de les aider à soutenir financièrement des projets sur le terrain.
Enfin, les deux députés regrettent un manque de communication positive sur les actions de la France en Afrique, alors que les moyens alloués sont en augmentation (15,5 milliards d’euros de prêts ou de dons entre 2020 et 2022). Objectif : éclairer sur les efforts fournis et moins se focaliser « sur la communication politique et militaire ».
Enfin, Bruno Fuchs et Michèle Tabarot revendiquent par ailleurs un rôle accru au sujet de l’audiovisuel public. Rappelons qu’en août 2023, lors de la conférence des ambassadeurs de France, le président Emmanuel Macron avait d’ailleurs lui-même parlé de RFI et France 24 comme d’un « formidable levier de rayonnement ». Les deux médias avaient réagi en rappelant leur indépendance et qu’ils ne sont pas des « instruments d’influence ».