Un nouveau moustique appelé “Anopheles stephensi” multiplie son expansion sur le continent, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS) et serait potentiellement responsable d’une recrudescence du paludisme sur le continent.
La menace grandissante de l’Anopheles stephensi en Afrique
Principal vecteur du paludisme dans les villes indiennes et iraniennes, l’espèce a été repérée pour la première fois en Afrique à Djibouti, en 2012. Ce petit pays de la Corne de l’Afrique, qui avait alors quasi éradiqué la maladie (27 cas cette année-là), a depuis vu le nombre de cas repartir à la hausse pour atteindre plus de 70 000 en 2020. L’espèce est ensuite arrivée en Ethiopie voisine, déclenchant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une « augmentation sans précédent » du nombre de cas, passés de 4,1 millions (et 527 décès) l’an dernier à 7,3 millions (et 1 157 décès) entre le 1er janvier et le 20 octobre 2024.
Le moustique a également été signalé au Soudan en 2016, en Somalie en 2019 et au Nigeria en 2020. L’année dernière, des médias locaux ont rapporté son apparition au Ghana.
Sa présence sur le continent pourrait «saper le travail abattu» jusqu’ici et pourrait toucher 126 millions de citadins à travers le continent affirme l’Organisation Mondiale de la Santé.
Contrairement à Anopheles gambiae, espèce la plus répandue en Afrique, vectrice du paludisme, l’Anopheles stephensi est résistant aux fortes chaleurs, et continue de piquer pendant la saison sèche, au moment où la transmission atteint généralement son plus bas niveau saisonnier, souligne l’OMS. Il s’avère également résistant à la plupart des insecticides.
Vecteur de la «malaria», il pique aussi plus tôt dans la soirée, rendant inefficace l’utilisation de moustiquaire, outil de prévention le plus efficace pour limiter la transmission du paludisme.
Les autorités inquiètes
L’Anopheles stephensi est capable de se reproduire dans des récipients d’eau fabriqués par l’homme, tels que des barils ou des puits, ce qui fait des zones urbaines un endroit privilégié.
Le risque d’une nouvelle propagation de la maladie vient s’ajouter à d’autres tendances inquiétantes, comme celle d’un paludisme résistant aux traitements constaté en Ouganda, au Rwanda, en Tanzanie et en Erythrée. « L’arrivée de la résistance [aux médicaments] est imminente », affirme Dorothy Achu, responsable des maladies tropicales et à transmission vectorielle en Afrique à l’OMS. Une nouvelle variante du paludisme échappe également aux tests utilisés pour diagnostiquer la maladie.
Face à ces perspectives inquiétantes et pour limiter les dégâts, plusieurs pays misent sur la vaccination des enfants, particulièrement vulnérables face à la malaria. L’OMS a préqualifié le vaccin antipaludique R21 en décembre 2023. Depuis, l’Unicef a distribué plus de 18 millions de doses dans 12 pays africains.
L’OMS dans son dernier rapport annuel déclare: « depuis 2015 les cas de paludisme ont augmenté jusqu’à atteindre les 249 millions dans le monde en 2022» 93% des cas sont répertoriés en Afrique.