Le 18 septembre 2024, une page importante de l’histoire politique gabonaise s’est tournée. Ali Bongo Ondimba, président déchu par un coup d’État militaire en août 2023, a officiellement annoncé son retrait définitif de la scène politique. Ce départ, symbolique à plus d’un titre, marque la fin d’une dynastie politique qui aura régné sur le Gabon pendant plus de cinq décennies.
Ali Bongo, qui a succédé à son père Omar Bongo en 2009, avait déjà vu son pouvoir vaciller après un AVC en 2018 qui l’avait affaibli. Cependant, c’est le coup d’État du 30 août 2023, orchestré par le général Brice Oligui Nguema, qui a définitivement mis fin à son règne. Ce renversement brutal a mis en lumière des tensions croissantes au sein du régime Bongo, ainsi que des accusations de corruption et de détournement de fonds visant plusieurs membres de sa famille, notamment son fils Noureddin Bongo Valentin et son épouse Sylvia Bongo .
Dans une lettre adressée aux Gabonais, l’ancien président a affirmé qu’il ne reviendrait plus sur la scène politique, un geste interprété par certains comme une volonté de pacifier un pays encore en transition. « Je ne souhaite en aucun cas constituer une menace pour la stabilité du Gabon », a-t-il déclaré, appelant à l’unité nationale et à la clémence pour sa famille, actuellement emprisonnée et accusée de diverses malversations financières .
Un appel à la clémence pour sa famille
Depuis sa destitution, Ali Bongo vit sous la surveillance des autorités militaires dans sa résidence privée à Libreville. Bien qu’il soit officiellement « libre de quitter le pays », ses mouvements sont strictement contrôlés, et il reste sous haute surveillance. Dans son message, il a lancé un appel pressant à la libération de sa femme Sylvia et de son fils Noureddin, incarcérés depuis plusieurs mois. Les deux membres de la famille Bongo sont accusés de « haute trahison », de blanchiment d’argent et de détournement massif des deniers publics. Ali Bongo, quant à lui, a reconnu certaines insuffisances dans sa gestion politique, mais a fermement nié que sa famille ait commis des crimes .
Ce plaidoyer pour la libération de ses proches révèle une facette plus humaine de l’ancien président, qui a insisté sur le fait que sa famille n’avait pas encore été formellement condamnée et qu’elle souffrait de mauvais traitements en détention. « J’en appelle à l’apaisement et à la fin des violences contre ma famille », a-t-il imploré dans son discours .
La fin d’une ère politique
Le retrait d’Ali Bongo de la vie publique marque la fin de l’une des dynasties politiques les plus influentes d’Afrique. Son père, Omar Bongo, a dirigé le Gabon pendant plus de 40 ans, façonnant l’identité politique et économique du pays. Sous le régime Bongo, le Gabon a maintenu une relative stabilité, mais au prix d’accusations récurrentes de corruption et de gestion opaque des ressources naturelles, en particulier du pétrole. Avec le départ d’Ali Bongo, une nouvelle ère s’ouvre pour le Gabon, sous l’égide d’un régime militaire qui promet un retour à l’ordre civil dans les années à venir .
Alors que le Gabon est engagé dans une période de transition sous la direction du général Brice Oligui Nguema, le futur du pays demeure incertain. Les autorités militaires ont promis de rétablir un régime civil et de mener des réformes constitutionnelles pour une meilleure gouvernance. Cependant, l’héritage de la famille Bongo, qu’il s’agisse des allégations de corruption ou des infrastructures construites durant leur règne, continuera de marquer le paysage politique du Gabon.
Le retrait définitif d’Ali Bongo de la scène politique est un signal fort pour le pays et pour le continent africain, où de nombreuses dynasties politiques continuent de peser sur les gouvernances nationales. Le Gabon, quant à lui, se prépare à écrire un nouveau chapitre de son histoire, libéré, pour la première fois depuis plus de cinq décennies, du poids de la famille Bongo.