BANANE CEMAC: EXPORT EN CHUTE LIBRE

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La filière banane de la zone CEMAC traverse une zone de turbulence. Au premier trimestre 2025, le prix moyen à l’exportation a chuté de 9,5 %, tombant à 1,04 dollar le kilo,  son niveau le plus bas depuis trois ans, selon les données de la BEAC. Cette dégringolade intervient paradoxalement dans un contexte de forte demande européenne, soulevant des questions sur la compétitivité et la résilience du secteur.

Photo d’illustration (c)net

Alors que les prix du café (+21,8 %) et du cacao (+16,9 %) ont progressé, soutenant une hausse générale de 12,7 % des produits agricoles exportés par la CEMAC, la banane affiche une tendance opposée. Cette anomalie souligne les fragilités spécifiques du secteur : dépendance logistique, exposition aux chocs climatiques, manque de diversification des débouchés.

Selon l’ODMi (Observatoire des marchés et des innovations), les perturbations observées trouvent leur origine dans la chaîne d’approvisionnement. Tempêtes en Méditerranée, pénurie de conteneurs, retards d’expédition : autant de facteurs qui ont désorganisé le flux des bananes africaines vers l’Europe, principal marché de la production CEMAC. Résultat : malgré une demande stimulée par les promotions et une faible concurrence des fruits saisonniers, le marché européen n’a pas pu être correctement approvisionné.

Une concurrence sud-américaine agressive

Pendant ce temps, la banane « Dollar » d’Amérique du Sud, principal concurrent sur le marché international, a vu ses volumes exploser. Son prix à l’export a presque doublé, atteignant 17,2 €/colis. Cette montée en puissance accentue la pression sur les producteurs africains, qui peinent à suivre, tant sur le plan logistique que qualitatif.

Fait notable : malgré cette conjoncture défavorable, les exportateurs camerounais ont augmenté leurs volumes. Entre janvier et mars 2025, 57 999 tonnes ont été expédiées, soit une hausse de 6 022 tonnes sur un an. Cette performance masque toutefois une fragilité : les revenus potentiels (environ 60,3 millions de dollars) sont en partie érodés par la baisse des prix. L’augmentation des tonnages ne compense que partiellement la dévalorisation du produit.

La situation actuelle appelle à une réflexion stratégique. Diversification logistique, adaptation climatique, montée en gamme ou encore ouverture vers d’autres marchés sont autant de leviers à explorer. Sans transformation structurelle, la filière banane de la CEMAC risque de rester vulnérable aux soubresauts externes, malgré sa capacité de production intacte.

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