BANQUE AFRICAINE D’ÉNERGIE : UN LANCEMENT QUI COINCE ? 

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Le projet de la Banque africaine de l’énergie (BAE), censé dynamiser le secteur énergétique africain, prend l’eau avant même son lancement officiel. Initialement prévue pour janvier 2024, puis repoussée à janvier 2025, l’institution devra finalement attendre juin 2025 pour démarrer ses activités… si tout va bien. Mais à ce rythme, il est difficile de ne pas envisager un énième retard.

Photo d’illustration (c)net

Cette annonce a été faite lors de la 4e session extraordinaire des ministres des pays membres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), tenue le 3 avril à Brazzaville, en présence de Bruno Jean-Richard Itoua, ministre congolais des Hydrocarbures. Si la déclaration de ce dernier semble rassurante en surface, elle ne masque pas les multiples obstacles qui freinent le lancement effectif de la BAE.

La Banque africaine de l’énergie, soutenue par l’APPO et Afreximbank, a pour ambition de financer des projets énergétiques sur le continent. Un défi de taille dans un secteur où les besoins en financement sont colossaux, notamment pour les infrastructures liées aux hydrocarbures et à la transition énergétique. Mais malgré l’énorme potentiel de cette initiative, les obstacles se multiplient.

Une institution en gestation, mais déjà en panne

L’un des principaux problèmes réside dans l’engagement des États africains. La BAE avait pour mission de fédérer les efforts financiers des gouvernements pour soutenir des projets énergétiques communs. Pourtant, nombre de pays hésitent encore à s’impliquer concrètement, freinés par des priorités internes et une méfiance face à un projet qui tarde à se matérialiser. La lenteur des processus administratifs et la diversité des intérêts nationaux compliquent encore la tâche.

Le statu quo financier : un frein de taille

Autre difficulté de taille : le financement. La BAE a été conçue comme une institution capable de lever des fonds pour soutenir des projets ambitieux. Mais jusqu’à présent, le modèle économique reste flou. Les financements promis par Afreximbank et d’autres partenaires bancaires n’ont pas encore pris forme, laissant le projet dans une incertitude persistante.

Le cadre de l’APPO, agacé par ces retards incessants, commente : « Annoncer une nouvelle date pour le lancement de la banque n’est plus crédible. » Une déclaration sans filtre qui en dit long sur l’impatience croissante des acteurs impliqués dans ce projet stratégique pour l’Afrique.

À ces problèmes s’ajoutent des différends fonciers qui compliquent la construction du siège de la BAE. Un terrain qui semblait acquis se transforme en champ de bataille, les négociations concernant l’emplacement et les conditions d’exploitation du site s’enlisant dans des impasses juridiques.

Cet imbroglio foncier illustre bien le manque de coordination entre les différents acteurs. Là où la BAE aurait dû incarner un modèle de coopération régionale, elle se transforme en un exemple de désunion, où chaque pays semble défendre ses propres intérêts sans véritable vision collective.

Des tensions internes qui n’arrangent rien

L’ambition africaine d’intégrer une institution de financement énergétique semble se heurter à une réalité bien plus pragmatique : celle d’un continent qui peine à s’entendre sur des projets communs à long terme. La BAE, née de la volonté de renforcer les capacités énergétiques africaines, risque de se transformer en un mirage, si les conditions ne changent pas rapidement.

Derrière ces retards successifs, c’est une question de crédibilité qui se pose. L’initiative, qui devait être un levier pour financer les grands projets énergétiques du continent, perd peu à peu de sa légitimité. Les investisseurs, les entreprises et les gouvernements commencent à douter de la capacité de la BAE à jouer un rôle structurant.

L’ambition africaine d’intégrer une institution de financement énergétique semble se heurter à une réalité bien plus pragmatique : celle d’un continent qui peine à s’entendre sur des projets communs à long terme. La BAE, née de la volonté de renforcer les capacités énergétiques africaines, risque de se transformer en un mirage, si les conditions ne changent pas rapidement.

Pourtant, la BAE aurait pu être l’un des projets les plus emblématiques de l’intégration africaine dans le secteur de l’énergie. Le continent regorge de ressources naturelles qui, si elles sont correctement exploitées, pourraient transformer la donne énergétique mondiale. Mais pour cela, il faut une organisation solide, un financement fiable et une volonté politique partagée par tous.

Si les retards persistent et que les tensions internes ne se résolvent pas, la BAE pourrait bien finir par ressembler à un vœu pieux. Il est grand temps que les acteurs impliqués fassent un pas en avant et passent de la parole aux actes, sinon ce projet risquera de rester une promesse jamais tenue.

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