Derrière son symbole apparant de liberté – une hache brisant des chaînes – se cache une organisation criminelle aussi redoutable que secrète. Black Axe, groupe émanant du mouvement socioculturel nigérian Neo-Black Movement (NBM), est aujourd’hui l’une des plus influentes et dangereuses factions criminelles du continent africain.
Connue pour son implication dans les réseaux de trafic d’êtres humains, de drogue, et de cyberfraudes à grande échelle, cette organisation est aussi célèbre pour son culte du secret et ses rituels violents, qui en font un acteur redouté du crime organisé international.
Fondé dans les années 1970 dans les universités nigérianes, le NBM, dont Black Axe est issu, prônait à l’origine la libération de l’homme noir et la lutte contre l’oppression coloniale. Mais avec le temps, cette noble cause a été pervertie. Ce qui était autrefois un groupe d’élite académique s’est progressivement transformé en une confrérie criminelle, opérant dans l’ombre et régnant par la terreur. Ses membres, appelés « Axemen », sont aujourd’hui impliqués dans divers crimes, notamment le trafic d’êtres humains, la cybercriminalité, et les meurtres rituels. Leur influence ne se limite plus à l’Afrique, ils ont étendu leurs tentacules jusqu’en Europe, en Asie, et en Amérique du Nord.
En avril 2024, l’opération Jackall III d’Interpol a mis en lumière l’étendue du réseau transnational de Black Axe, avec l’arrestation de plus de 300 membres sur les cinq continents. Ces interpellations ont révélé la sophistication des opérations du groupe, notamment dans la cyberfraude et l’exploitation des failles numériques pour blanchir de l’argent à une échelle astronomique. En plus de cela, des saisies choquantes ont été faites, incluant des armes, de la drogue, et même des symboles rituels comme la fameuse hache noire, emblème de la confrérie, qui a été découverte lors d’une descente de police en Allemagne.
L’inquiétante expansion internationale
Si Black Axe opérait initialement dans les marges du système universitaire nigérian, le groupe a rapidement franchi les frontières pour devenir un réseau tentaculaire. Grâce à ses liens avec la diaspora nigériane, il s’est implanté dans plusieurs pays africains, européens, et américains. Leur méthode ? La terreur et l’intimidation. Ils recrutent de jeunes hommes vulnérables, souvent dans des quartiers pauvres ou à la recherche d’une protection ou d’un gain facile. Une fois enrôlés, ces hommes sont soumis à des rituels de passage violents et doivent jurer fidélité à vie à la confrérie, sous peine de représailles mortelles.
Les cyberfraudes sont devenues une de leurs principales activités, notamment via l’escroquerie amoureuse (le fameux « romance scam »), les usurpations d’identité et les détournements de fonds à grande échelle. La vaste capacité de Black Axe à s’infiltrer dans des systèmes bancaires ou à manipuler des individus en ligne a fait de ce réseau un acteur clé du crime numérique mondial.
Mais au-delà des fraudes, Black Axe se distingue également par son implication dans le trafic d’êtres humains. Le réseau est régulièrement accusé d’orchestrer des filières de migration clandestine, où des femmes, notamment, sont exploitées et contraintes à la prostitution dans plusieurs grandes villes européennes.
Une lutte internationale qui s’intensifie
Face à cette montée en puissance, les autorités internationales, notamment via Interpol et Europol, intensifient leurs efforts pour démanteler ce réseau criminel tentaculaire. Les récentes opérations comme Jackall III illustrent la détermination des forces de l’ordre à frapper Black Axe en son cœur, en ciblant non seulement les membres actifs, mais aussi les soutiens financiers et logistiques qui permettent au groupe de prospérer.
Cependant, la tâche est ardue. La culture du secret qui imprègne cette organisation, alliée à ses rituels violents et à son emprise psychologique sur ses membres, rend le démantèlement complet difficile. Black Axe ne cesse de muter, adoptant des techniques toujours plus sophistiquées pour contourner les mesures de sécurité et étendre son influence. Alors que le monde prend conscience de la dangerosité de cette organisation, la question demeure : comment éradiquer un groupe dont les racines s’enfoncent aussi profondément dans les sphères sociales, économiques, et numériques du crime organisé ?
L’avenir de la lutte contre Black Axe repose sur la collaboration entre les États, les services de renseignement, et la société civile. Mais une chose est certaine : la mafia nigériane n’a pas fini de faire parler d’elle, et seule une action concertée pourra espérer en venir à bout.