Le 6 février 2025, Bob Marley aurait célébré ses 80 ans. L’icône mondiale du reggae continue de porter un message politique intemporel. L’artiste jamaïcain incarne l’engagement et la révolte contre l’injustice, une résonance toujours forte aujourd’hui.

Homme politique malgré lui
Bob Marley, né en 1945 d’un père anglais blanc et d’une mère jamaïcaine noire et pauvre, grandit dans la misère des campagnes jamaïcaines et dans le ghetto de Trenchtown, à Kingston. Très jeune, il est témoin des injustices sociales subies par les Afro-descendants, une réalité qu’il appelle le “Babylon System”. Éveillé par la lutte des Black Panthers aux États-Unis, Marley trouve dans la musique un moyen de dénoncer l’oppression et de défendre l’égalité.
En 1962, la même année que l’indépendance de la Jamaïque, il quitte l’école et se lance dans la musique, cherchant à transmettre son message au monde. Son premier tube, « Simmer Down » (1965), marque ses débuts dans le ska, avant de se tourner vers le reggae, son genre phare. Dans ses chansons comme « Get up, Stand up » (1973), il dénonce le racisme et l’oppression qui frappent les communautés afro-descendantes en Jamaïque. Pour lui, la lutte n’est plus seulement contre l’esclavage, mais contre la pauvreté systémique.

Une démarche anti-politique
Malgré son activisme, Bob Marley ne veut pas être un homme politique. Il rejette les politiciens, qu’il considère comme des imposteurs. Dans les années 70, les deux grands leaders jamaïcains, Michael Manley et Edward Seaga, mènent leurs camps avec des gangs armés, ce qui déstabilise le pays. Marley, victime d’une tentative d’assassinat en 1976, reste déterminé à continuer son message d’unité. En 1978, il organise un concert historique à Kingston, réunissant Manley et Seaga dans un geste symbolique de réconciliation, mais la violence continue de déchirer le pays.
Un rôle spirituel et prophétique
L’influence du rastafarisme, mouvement né en Jamaïque dans les années 1930, est essentielle pour comprendre le message de Marley. Ce mouvement religieux et culturel, imprégné de la culture biblique, prône la résistance à l’oppression et la rédemption des peuples noirs. Bob Marley, bien qu’il soit métis, se sent profondément marqué par les injustices subies par les Noirs, et adopte le rastafarisme pour porter son combat.
Ses concerts sont des cérémonies où il rend hommage à Haïlé Sélassié, l’empereur d’Éthiopie, qu’il considère comme une figure messianique. « Greetings in the Name of His Imperial Majesty Emperor Haile Selassie the First, Jah Rastafari », clame-t-il sur scène, rappelant son rôle spirituel et politique.

Une musique de résistance
Son album « Survival » (1979), dédié à l’Afrique et à la lutte des peuples opprimés, est l’un de ses plus politiques. Avec des chansons comme « Zimbabwe », devenue l’hymne des rebelles de la Rhodésie, Marley affirme son soutien à l’indépendance et à l’émancipation des peuples noirs. Il clame dans « Babylon System » : « Nous refusons d’être ce que vous vouliez que nous soyons », un appel à la rébellion contre l’oppression. Il reçoit en 1978 la médaille d’or de la paix de l’ONU « au nom de 500 millions d’Africains », reconnaissant son rôle dans le combat pour la liberté et l’égalité.
L’héritage durable
Bob Marley est bien plus qu’une icône musicale : il est un prophète des temps modernes, un combattant pour la liberté, la justice et la dignité des peuples. Ses chansons restent des hymnes de résistance et de paix, résonnant à travers les générations. Comme il le disait lui-même : « Je ne veux pas changer mon île, je veux changer le monde. » Ce combat, qu’il a mené avec passion, continue d’influencer et d’inspirer, des décennies après sa mort prématurée en 1981.