Le Cameroun se prépare à élargir, dès 2025, la liste des espèces forestières interdites d’exportation sous forme de grumes. Dans une circulaire budgétaire signée le 23 octobre 2024, le président Paul Biya a ordonné cette mesure, une décision stratégique visant à renforcer l’économie nationale et à soutenir la transformation locale du bois. L’objectif ultime : parvenir à une interdiction complète des exportations de bois en grumes dans la région Cemac d’ici 2028.
Vers une interdiction totale en 2028
Le 23 février 2024, lors d’une réunion à Bangui en République centrafricaine, les ministres en charge des forêts de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) ainsi que de la RD Congo ont décidé d’interdire toutes les exportations de bois en grumes à compter du 1ᵉʳ janvier 2028. Pour faciliter cette transition, ils ont recommandé aux États membres de démarrer la mise en œuvre de cette interdiction dès 2025.
En anticipation de cette échéance, le Cameroun a enclenché le processus d’interdiction progressive des exportations de grumes. En avril 2024, le ministre camerounais des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo, a d’ores et déjà restreint l’exportation de 76 essences de bois sous forme de grumes. Cette liste sera étendue l’année prochaine.
Encourager la transformation locale : une priorité nationale
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de promotion de la transformation locale du bois. Depuis plusieurs années, le Cameroun augmente les droits de sortie sur les exportations de bois brut pour dissuader les entreprises de vendre des grumes non transformées. De 2017 à 2023, le taux de sortie des grumes est passé de 17,5 % à 60 %, une augmentation de 343 %. En 2024, ce taux a encore été revu à la hausse, atteignant 75 %.
Cette surtaxation, combinée aux restrictions d’exportation, a déjà porté ses fruits : les grumes ne constituent plus qu’une part infime des exportations de bois du Cameroun. En 2022, le pays n’a expédié que 746 m³ de grumes, soit 22 % de moins qu’en 2021, sur une cargaison totale de 1,7 million de m³ de bois exportés.
Une transition progressive vers une économie verte
En limitant l’exportation de grumes, le Cameroun cherche à développer son industrie locale de transformation du bois, créant ainsi de nouvelles opportunités d’emploi et de revenus dans le pays. Cette stratégie vise non seulement à valoriser la richesse forestière nationale mais aussi à aligner le Cameroun sur les objectifs de la Cemac en matière de gestion durable des ressources naturelles.
L’interdiction d’exportation de bois en grumes prévue pour 2028 apparaît donc comme un tournant majeur pour l’économie camerounaise et un pas de plus vers la transformation durable des ressources forestières africaines.