Lors de la dernière journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le football africain a vécu l’un de ses épisodes les plus sombres. Le match entre la Libye et le Bénin, pourtant sans enjeu crucial, a tourné au cauchemar pour les joueurs béninois, pris au piège d’une ambiance explosive. Cette rencontre, qui s’est achevée sur un score vierge de 0-0, scellant l’élimination des Libyens, a été marquée par des incidents qui ont éclipsé l’enjeu sportif.
Un climat d’hostilité dès l’entame
Dès les premiers instants, l’atmosphère électrique s’est fait sentir. Le Bénin, surnommé les Guépards, a été accueilli dans un environnement hostile, avec des sifflets couvrant leur hymne national et des projectiles visant leur banc de touche. Les spectateurs, manifestement frustrés par les résultats de leur équipe nationale, ont transformé le stade en véritable champ de bataille, comme l’a décrit Steve Mounié, capitaine des Guépards. « C’était une zone de guerre. Aucun respect. Ils ont tout fait pour rendre le match invivable », a-t-il déclaré après la rencontre.
L’après-match vire à la violence
À la fin du match, la situation a basculé dans la violence pure. Les joueurs béninois et leur staff, bloqués dans les vestiaires, ont dû attendre plus d’une heure avant de pouvoir quitter le stade en toute sécurité. Cependant, malgré ces précautions, plusieurs membres de l’équipe béninoise ont été physiquement agressés.
Le sélectionneur Gernot Rohr, figure emblématique du football africain, a confié avoir été frappé au bras par un policier libyen, un incident documenté par une vidéo qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Enrico Pionetti, entraîneur des gardiens, a été blessé à la tête, tout comme des agents tunisiens présents pour assurer la sécurité. Ce déferlement de violence n’a fait que renforcer l’indignation internationale, notamment au sein du camp béninois.
La résilience béninoise face à l’adversité
Steve Mounié a symbolisé l’esprit de résilience de son équipe, déclarant que cette épreuve n’a fait que renforcer leur détermination. « Nous avons prouvé que nous pouvions surmonter l’adversité et répondre de la meilleure des façons : en décrochant notre billet pour la CAN », a-t-il fièrement affirmé. Une qualification qui, au-delà de son importance sportive, revêt désormais un sens particulier, celui d’une victoire sur l’adversité.
Sanctions de la CAF : un message fort, mais est-ce assez ?
Face à ces incidents, la Confédération Africaine de Football (CAF) a réagi rapidement. Dans un communiqué publié peu après les événements, la CAF a infligé une amende de 50 000 dollars à la Fédération Libyenne de Football et a décidé que leurs deux prochains matchs se dérouleraient à huis clos. Ces sanctions sont le fruit de la violation des articles 82 et 151 de son Code Disciplinaire.
Cependant, cette réponse est loin de faire l’unanimité. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la « clémence » dont bénéficierait la Libye, un pays déjà coutumier des débordements. Le Nigeria, le Cameroun, et la Tunisie ont également été victimes de violences lors de leurs récentes confrontations avec la Libye. Certains observateurs estiment que des mesures plus strictes, comme l’exclusion temporaire des compétitions internationales, auraient été nécessaires pour envoyer un message clair.
Un précédent inquiétant pour l’avenir du football africain
Ce qui s’est passé en Libye met en lumière un problème plus large : celui de la sécurité des joueurs et des équipes nationales en Afrique. Le football, censé être un terrain de rassemblement et de célébration, devient parfois le théâtre de violences incontrôlées. La CAF, face à ce genre de situations, est désormais sous pression pour revoir son approche et mettre en place des mesures dissuasives plus robustes.
Le football africain ne peut se permettre de voir ses compétitions entachées par des actes de violence récurrents. Si la Libye échappe à des sanctions plus sévères cette fois-ci, cela risque d’ouvrir la voie à d’autres incidents similaires, mettant en péril l’intégrité des futures éditions de la CAN et la sécurité des acteurs du jeu.
L’issue de cette rencontre entre la Libye et le Bénin restera comme une tâche sombre dans l’histoire des éliminatoires de la CAN 2024. La réaction de la CAF est un premier pas, mais la question demeure : est-ce vraiment suffisant pour garantir que le football, en Afrique, reste un jeu et non un champ de bataille ?