CAMEROUN – 20 ANS DE PLUS POUR AMADOU VAMOULKÉ

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L’ancien Directeur général de la Cameroon Radio Télévision (CRTV) précédemment condamné à 12 ans de prison, a été à nouveau entendu et condamné a purgé une peine de 20 ans de plus par le Tribunal criminel spécial de Yaoundé ce 28 août 2024, selon la Crtv.

Amadou vamoulké, au milieu de ses avocats

Le procès de cet ancien haut cadre de la télévision nationale est selon toute vraisemblance un feuilleton judiciaire a plusieurs épisodes, qui bat le record de tous les procès déjà menés au Cameroun.

D’abord l’arrestation et la longue détention

Monsieur Vamoulké a été arrêté le 29 juillet 2016, alors qu’il se trouvait au Tribunal criminel spécial, où il s’était rendu pour répondre à une convocation. Au bout de quelques heures d’échanges, il a été interpellé et embarqué dans une camionnette dès la fin de sa convocation par des gendarmes et des policiers du Groupement spécial d’opérations, sur la base d’un mandat de détention provisoire provenant de la Procureure près le Tribunal criminel spécial.


Selon le mandat, l’ancien Directeur a été arrêté dans le cadre de poursuites qui le visaient pour détournement de deniers publics ayant contribué au déficit de CRTV, que celui-ci dirigeait.

Notons que Amadou Vamoulké a été par la suite maintenu en détention provisoire depuis ce 29 juillet 2016, à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé.


Dans le dernier réquisitoire du tribunal, la détention de M. Vamoulké avait été justifiée par la prétendue « absence de résidence connue » de l’intéressé qui, consécutivement à l’ouverture de poursuites engagées contre lui pour détournement de deniers publics lors de sa gestion de la CRTV, ne permettrait pas d’assurer sa « disponibilité ». Pourtant, selon Me Alice Nkom, l’avocat de Monsieur Vamoulké “ il possédait bien un domicile connu dans le quartier Essos-Abattoir, à Yaoundé”, elle poursuivait alors en disant “ l’absence de résidence connue était un prétexte fréquemment utilisé par les autorités camerounaises pour justifier la détention ou la garde à vue d’une personne suspectée de crime ou de délit, résultant d’une interprétation très large et a contrario de l’article 118, alinéa 2, du Code de procédure pénale, qui dispose que toute personne ayant une résidence connue ne peut, sauf en cas de crime ou de délit flagrant et s’il existe contre elle des indices graves et concordants, faire l’objet d’une mesure de garde à vue. Rappelons que l’ancien Directeur général de la Crtv a passé 5 ans de détention provisoire avant l’ouverture de son procès en 2019.

Le procès record de l’histoire au Cameroun

Alors qu’il avait déjà passé 5 ans de détention provisoire depuis son arrestation en 2016 à Yaoundé, le journaliste et ancien directeur de la Cameroon Radio Télévision a subi par la suite l’un des procès les plus longs de l’histoire des procès au Cameroun.

Renvoyé à plus de cent reprises, l’affaire Vamoulké aura poussé une bonne franche de la population a croire qu’il s’agissait simplement d’une ville manigance de certains pouvoirs tapis dans l’ombre pour faire ombre à cette figure du journalisme camerounais.

Notons que l’affaire avait abouti en 2019 à une condamnation de 12 ans d’emprisonnement, avec une amende de 700.000 dollars. Mais avant cette première condamnation le procès avait déjà subi plus de 82 renvoies selon le site d’information jeune Afrique.com

Un procès coincé entre cabale et acharnement politique?

Certes, le temps de la justice n’a pas vocation à être celui de l’opinion bouillonnante des réseaux sociaux, ni celui des calendriers politiciens. Mais la lenteur de certaines procédures judiciaires tend tout de même à ressembler à un patinage orchestré, notamment lorsque le profil de l’inculpé suscite un doute sur la déconnexion effective des influences politiciennes. Selon le site d’information kalara.net, L’affaire Vamoulké a connu plusieurs retraits de preuves présenté par des témoins de l’accusation. D’abord les documents d’audit de l’expert comptable Bela Belinga commandé par l’actuel directeur Charles Ndongo. Une preuve parmi tant d’autres qui témoignent de la cabale orchestrée contre vamoulké. Au-delà de ses pièces retirées, vient le refus catégorique du condamné de se défendre ardemment. Il aurait laissé simplement entendre que ses “ mes collègues sont mieux placés pour vous expliquer ce qui se passe réellement” voilà qui a a nouveau poussé une bonne frange de l’opinion publique a penser que Monsieur Vamoulké se savait victime d’une cabale montée de toute pièce contre lui…d’ailleurs son avocate Me Alice Nkom n’a pas non plus caché ce sentiment de “ chasse aux sorcières” dont elle disait avoir remarqué. Elle avait précédemment déclaré au CPJ que l’arrestation de Vamoulké était une mesure de représailles pour sa gestion de la CRTV. « La raison officielle de son arrestation est un prétexte pour tenter de réduire au silence les journalistes au Cameroun (…) Amadou n’a jamais accepté comme noir ce qu’il savait être blanc », a déclaré Nkom, le 29 juillet 2019, alors que son client subissait son 79e procès devant le Tribunal criminel spécial.

Une justice peut être “ trop sévère” ?

Alors qu’il avait déjà purgé près de la moitié des 12 ans de condamnation dont il a été porteur depuis 2019, l’ancien directeur général de la Crtv a à nouveau écopé hier d’une condamnation de 20 ans d’emprisonnement à la prison centrale de kondengui à Yaoundé. Ajouté aux 5 ans de détention provisoire déjà passé dans cette même prison entre 2016 et 2019, les 12 ans écopés en fin 2019, et les 20 ans de ce mercredi 28 août 2024…l’opinion publique et de nombreuses organisations des droits de l’homme ainsi que des corporations de défenses des droits des journalistes pensent que la justice a eu une main trop lourde pour cet ancienne figure du journalisme africain. A ce propos, son avocate Me Alice Nkom dit toute sa déception. “ Peut-on encore véritablement croire en la justice dans ce pays ?quand on voit comment elle s’applique en deux poids, deux mesures aux accusés devant les barreaux”? A t-elle laissé entendre auprès de l’agence France-Presse. Même si tout semble indiquer que l’espoir n’est plus de mise pour Amadou Vamoulké, son avocat et sa famille pensent le contraire.

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