Au cœur du Mbam, un vieux serpent de mer refait surface : le pont de Nchiayang, sur le fleuve du même nom, entre Deuk et Bafia. Arrêté depuis des années, le chantier reprend. Nouveau visage, nouvelles ambitions, et surtout un nouveau budget de 8 milliards de FCFA confié à CFHEC (China First Highway Engineering Co).

C’est le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, qui a remis le sujet sur la table lors d’une revue des projets routiers tenue du 14 au 17 avril 2025. L’annonce est claire : le pont de Nchiayang est de retour sur les rails, et cette fois, c’est la bonne, du moins sur le papier. À l’origine, c’est un groupement local, Ecoa-Geyser S.A, qui avait remporté le contrat en 2019 pour un montant de 7 milliards FCFA. Mais très vite, le projet prend l’eau. Trois ans plus tard, le constat est sans appel : retards chroniques, matériaux manquants, planning inexistant. Le clou du spectacle ? L’incapacité à livrer les poutres métalliques nécessaires à la structure du pont.
En septembre 2022, le ministère tranche : résiliation du marché, application stricte des clauses contractuelles. Un dossier clos… jusqu’à juillet 2024, où une nouvelle procédure de sélection est lancée.
CFHEC à la manœuvre
C’est donc CFHEC qui décroche la reprise. Une entreprise chinoise bien connue dans les grands travaux, et qui hérite ici d’un pont mixte à bipoutres métalliques, long de 130 mètres. Trois travées de 35 m , 60 m , 35 m, chacune soutenue par deux poutres préfabriquées de 2,5 m de hauteur, intégrées à une dalle en béton armé de 35 cm. Le revêtement ? Du béton bitumineux de 5 cm d’épaisseur.
L’infrastructure reposera sur des culées et piles en béton armé, ancrées jusqu’à 16 mètres de profondeur, une exigence indispensable face aux caprices du fleuve Mbam en saison de crue.
Mais ce n’est pas tout. Le projet comprend aussi l’aménagement des voies d’accès, soit 5,4 kilomètres de route pour relier le nouveau pont à la Nationale N°4, via le village de Gouffé.
Une promesse de désenclavement
Au-delà des chiffres, ce chantier a un enjeu stratégique : désenclaver un des plus importants bassins agricoles du pays. Le département du Mbam-et-Inoubou est un moteur rural : cacao, café, ignames, manioc… Une richesse agricole qui souffre depuis trop longtemps d’un manque criant d’infrastructures viables.
Livraison annoncée dans 29 mois. Les études d’exécution ont démarré, les premières équipes sont en place. Reste maintenant à CFHEC de prouver qu’elle peut faire mieux que ses prédécesseurs : livrer un pont fonctionnel, solide, et surtout dans les délais.