CAMEROUN : 89 MILLIARDS POUR L’EXTRÊME-NORD

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Le 21 mai 2025, c’est une décision lourde de sens qui a été prise depuis Abidjan : la Banque Africaine de Développement accorde un financement de 89,2 milliards de francs CFA au Cameroun. Une enveloppe massive, orientée vers l’Extrême-Nord. Une région meurtrie, frappée par l’extrême pauvreté, secouée par l’insécurité et les crises alimentaires, mais qui continue de se tenir debout. Ce territoire trop souvent résumé à ses difficultés mérite aujourd’hui bien plus : une chance réelle de se transformer.

Photo d’illustration

Le projet financé, baptisé CAP2E, vise à refonder les bases du développement local en misant sur l’humain. À travers la formation professionnelle, l’accompagnement à l’entrepreneuriat, l’amélioration des infrastructures sociales et la valorisation des potentiels locaux, l’ambition est claire : replacer la jeunesse et les femmes au cœur de la relance. Pendant cinq ans, cette initiative va tenter de corriger un déséquilibre historique et de redonner du souffle à une région mise en marge.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans l’Extrême-Nord, on compte à peine plus de 15 000 entreprises, dont une écrasante majorité de très petites structures. Le tissu économique est fragile, souvent informel, dominé par les services et la survie. Sur l’ensemble du Cameroun, cette région ne représente qu’une infime portion de l’emploi formel. Les femmes y sont particulièrement marginalisées. Pourtant, le potentiel est immense. Il dort encore, faute de moyens, de perspectives, d’encadrement.

À travers cette initiative, la BAD envoie un signal fort. Ce n’est pas un simple projet de plus dans un catalogue d’aides. C’est une tentative de rupture. Un effort ciblé, à fort impact, dans une zone stratégique pour la cohésion nationale et la stabilité régionale. Ce programme, s’il est mené avec rigueur, pourrait bien redonner des raisons d’espérer à une jeunesse qui n’attend pas la charité, mais la possibilité de se construire un avenir par elle-même.

Léandre Bassolé, directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale, a parlé de message d’espoir. Mais il faut plus que des mots. Il faut que les fonds débouchent sur des résultats. Que les formations créent des emplois réels. Que les femmes aient enfin accès aux outils de l’autonomie. Que le secteur privé local puisse devenir un levier durable de croissance. Ce projet ne doit pas être un mirage de plus, mais le début d’un virage. L’Extrême-Nord a assez payé le prix de l’abandon. Il est temps de transformer les promesses en preuves, et les milliards en solutions visibles. Là réside tout l’enjeu.

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