Le musée des rois Bamoun a été inauguré lors d’une cérémonie solennelle, marquée par la présence du ministre des Arts et de la Culture (MINAC), agissant en tant que représentant personnel de Son Excellence Paul Biya, le Chef de l’État.
Cette inauguration symbolique a été un moment de fierté pour la communauté Bamoun et un jalon dans la préservation et la promotion du patrimoine culturel du pays.
Pour accéder au musée des Rois Bamouns, à Foumban dans l’ouest du Cameroun, on passe sous l’entrée formée par les crochets d’un immense serpent à deux têtes, au cœur d’un imposant bâtiment en forme des armoiries du plus ancien royaume d’Afrique subsaharienne.
L’inauguration a été un événement grandiose ce weekend, avec des milliers de personnes venant de tout le pays, ainsi que 2 000 invités officiels, dont des dignitaires, des ministres, des préfets, des diplomates, rassemblés sur la place du palais royal de Foumban, la capitale historique des Bamouns.
Les dignitaires de ce royaume séculaire se sont parés de leurs costumes traditionnels flamboyants, revêtant des boubous aux teintes variées et coiffant des chéchias assorties.
Le Cameroun, avec ses quelque 270 groupes ethniques, chacun avec ses propres coutumes et langues, abrite également plus de 80 chefferies de premier ordre, héritées de l’époque pré-coloniale.
La pertinence du droit coutumier et le sentiment d’attachement à ces chefferies demeurent forts dans la vie quotidienne des 28 millions d’habitants de ce vaste pays d’Afrique centrale, qu’ils soient enracinés dans leur terre natale ou qu’ils aient migré.
Situé dans la région de l’Ouest du Cameroun, le musée des rois Bamoun est un hommage à la richesse culturelle et historique de ce peuple ancien. Il abrite une collection diversifiée d’artefacts, d’objets d’art, de costumes traditionnels, d’objets rituels et d’autres éléments représentant l’héritage séculaire des rois Bamoun. Chaque pièce raconte une histoire, offrant aux visiteurs un aperçu fascinant de la vie, des coutumes et de la spiritualité de cette société.
La cérémonie d’inauguration a débuté par des discours éloquents mettant en avant l’importance de préserver et de promouvoir le patrimoine culturel du Cameroun. Le MINAC a exprimé la gratitude du gouvernement envers la famille royale Bamoun pour son engagement envers la préservation de son héritage culturel et a souligné l’importance du musée comme un lieu de mémoire et d’éducation pour les générations futures.
La coupure du ruban, effectuée par le MINAC, a marqué l’ouverture officielle du musée au public. Les invités ont eu l’occasion de visiter les expositions, d’admirer les artefacts et de participer à des activités culturelles spéciales organisées pour l’occasion. La cérémonie s’est terminée par des festivités animées, mettant en vedette des performances artistiques traditionnelles, de la musique et de la danse, reflétant la vivacité et la richesse de la culture Bamoun.
Le musée nouvellement construit reflète fidèlement les armoiries du royaume sur une superficie de 5 000 mètres carrés, représentant une araignée à pattes velues surmontée de deux cloches et encadrée par un serpent à deux têtes.
Pendant la cérémonie, des griots vêtus de boubous aux couleurs éclatantes ont animé l’atmosphère avec des rythmes de tambour et de longues flûtes traditionnelles. Des coups de feu sporadiques ont marqué l’arrivée des invités de marque, escortés par des soldats du palais vêtus de boubous et de pantalons marrons.
C’est une fête pour le peuple Bamoun. Nous sommes venus de partout pour vivre ce moment unique », mentionné Ben Oumar, un handicapé de 50 ans coordinateur d’une association de Douala.
« C’est un sentiment de fierté d’assister à cet événement. On l’a attendu pendant longtemps », se réjouit Mahamet Jules Pepore, 56 ans, un fonctionnaire du département.
Le musée des Rois Bamouns abrite une impressionnante collection de près de 12 500 pièces, dont certaines étaient auparavant exposées uniquement dans les salles du palais royal.
« Il rend compte de la riche créativité multi-centenaire de ce peuple, aussi bien artisanale qu’artistique –dessins bamouns–, mais aussi des innovations technologiques paysannes à diverses époques: moulins, pressoirs… » déclare Armand Nchare.
Parmi les objets exposés, on trouve en évidence des artefacts du quotidien du célèbre monarque Ibrahim Njoya, qui a régné de 1889 à 1933. Il est notamment connu pour avoir inventé une écriture bamoune comprenant plus de 500 signes syllabiques. Le musée présente ses manuscrits ainsi qu’une machine à moudre le maïs qu’il a lui-même créée.
« Nous rendons hommage à un roi simultanément gardien et pionnier (…), une façon pour nous d’être fiers de notre passé pour construire l’avenir » et « montrer que l’Afrique n’est pas importatrice de pensées », a lancé samedi son arrière-petit-fils, le Mfon (roi) et Sultan Mouhammad Nabil Mforifoum Mbombo Njoy, 30 ans, sur le trône depuis 2021.
Pour honorer la mémoire de son grand-père, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya (1992–2021), et face à l’exiguïté des salles du palais, a initié la construction du nouveau musée en 2013. Cette initiative intervient peu de temps après l’inscription du Nguon du peuple Bamoun sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, un ensemble de rituels célébrés lors d’un festival annuel très populaire.