Le Cameroun s’apprête à accueillir un projet pilote majeur : la création d’une bourse du cacao en Afrique. Cette annonce a été faite le 10 avril 2025 sur les antennes de la CRTV par Michel Arrion, directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (ICCO). Ce projet constitue l’une des décisions phares issues de la 111ᵉ session du Conseil international du cacao et de ses organes affiliés, qui s’est tenue à Yaoundé du 7 au 10 avril.

Ce choix marque une étape décisive dans la mise en œuvre d’une initiative évoquée depuis 2021 et officiellement engagée en 2022. À cette époque, Michel Arrion avait déclaré que le Conseil de l’ICCO avait donné son accord pour lancer une étude exploratoire en vue de créer une bourse dédiée au cacao en Afrique. Celle-ci viserait principalement les quatre grands pays producteurs du continent : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun.
Le positionnement du Cameroun comme pays pilote de cette initiative n’est pas le fruit du hasard. Depuis plus de dix ans, les autorités camerounaises ambitionnent de mettre en place une bourse nationale des matières premières. En ce sens, un protocole d’accord avait été signé dès le 17 février 2014 à Yaoundé avec l’ICCO pour financer une étude de faisabilité du projet baptisé Cameroon Commodities Exchange (CCX). Le cabinet Eleni LLC, reconnu pour avoir conçu la bourse des matières premières d’Addis-Abeba, avait été chargé de cette mission.
L’étude, finalisée six mois plus tard, avait identifié huit produits pouvant être échangés sur la future plateforme, dont le cacao, le maïs, le mil, le sorgho, le manioc séché, le riz paddy, l’huile de palme et le coton. Pourtant, le projet est resté en suspens, à l’instar d’une autre initiative, celle de créer une bourse du café avec l’appui de la Russie, évoquée lors des Journées économiques camerounaises tenues à Moscou en 2016.
Pensée comme une alternative aux bourses de Londres et de New-York où les prix du cacao sont traditionnellement fixés, cette nouvelle plateforme pourrait permettre une meilleure répartition des revenus dans la filière cacaoyère, notamment en faveur des producteurs africains. « Le combat des producteurs est celui des prix justes et équitables », a insisté le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, lors de la réunion du Conseil.
Selon Michael Ndoping, directeur général de l’Office national du cacao et du café (ONCC), les producteurs africains ne bénéficient actuellement que d’environ 7 % des revenus générés par l’industrie mondiale du cacao. Le reste revient essentiellement aux industriels et aux acteurs du transport et de la transformation. La mise en place d’une bourse du cacao en Afrique pourrait contribuer à corriger ce déséquilibre, espère l’ICCO.