La corruption a fait perdre plus de 114 milliards de francs CFA à l’État camerounais en 2023 selon le rapport fourni par la Commission nationale anticorruption ce 28 septembre. On assiste à une montée en puissance des institutions impliquées dans le recouvrement des avoirs issus de la corruption.
Un préjudice financier scandaleux, de 2022 à 2023, plus de 100 milliards détournés
D’après la CONAC, le Cameroun a subi un important préjudice financier en raison d’actes de corruption et d’infractions assimilés de plus de 114 milliards de francs CFA en 2023. Ce montant a été établi sur la base « des enquêtes menées par les décisions du conseil de discipline budgétaire et financière et celles rendues par le tribunal criminel spécial », compétent en matière de détournement des fonds publics, a expliqué Dieudonné Massi Gams, président de la commission nationale anti-corruption.
Cette somme, 114 milliards 35 millions et 922.502 francs CFA, est en augmentation très nette par rapport à l’année 2022 où elle était de 4 milliards 623 millions 418.918 FCFA, selon le rapport.
La Conac esquive les affaires Glencore et Bourbon
Malgré la faramineuse somme de 114 milliards détournés du fait de la corruption en 2023, la Conac semble avoir exclu les deux plus grands scandales de corruption qui ont éclaboussé le Cameroun en 2023. Le rapport de la Conac n’a pas fait mention des affaires Glencore et Bourbon dans lesquelles des agents publics Camerounais de deux sociétés d’hydrocarbures et de la direction générale des impôts ont été cités pour avoir perçu des pots-de-vin. Sur cette question, le président de la CONAC invite les Camerounais à plus de patience tout en affirmant que « lorsqu’on fait des investigations, il faut le faire avec tout ce que cela comporte comme délicatesse et sérieux, parce qu’on ne peut publier que les résultats des investigations et la CONAC a déjà fait des investigations et orienté certains de ces résultats obtenus vers des secteurs qui doivent continuer à compléter les informations que la CONAC demande » . Il a ajouté qu’ils attendent également « les informations des institutions concernées», c’est dit-il, « un problème international ». Face à la situation, transparency international s’est contenté d’un regret : « Sans désemparer, nous allons continuer à nous battre pour que le gouvernement se prononce sur ces deux affaires mais jusqu’ici le Cameroun n’a encore rien dit, la Société nationale des hydrocarbures nous a informé que le tribunal criminel spécial avait déjà été saisi mais nous n’avons pas eu la preuve de cette saisine », regrette Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency international Cameroon.
Les secteurs du transports et de l’éducation pointé comme principaux foyers de la corruption
Le rapport souligne, par ailleurs, que la corruption demeure galopante dans le secteur éducatif, les transports, au niveau des collectivités territoriales décentralisées, et au sein de l’administration territoriale pour la signature et la délivrance des documents officiels.
Dans ces deux secteurs particulièrement, près de dix mille agents publics ont été sanctionnés ou licenciés en 2023 pour des pratiques de manquement à l’éthique. Dans le domaine de la lutte anti-blanchiment, l’Agence Nationale d’Investigation financière a reçu 965 déclarations de soupçon contre 869 en 2022, soit une hausse de 11,05%.
La Conac se résume-t-elle finalement à rédiger des rapports ?
Le rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac), qui est publié chaque année, continue de soulever de vives critiques. Malgré les efforts de l’État pour combattre la corruption, les habitudes semblent bien ancrées. Avec un préjudice estimé à plus de 114 milliards FCFA en 2023, 4 Milliards et 800 millions en 2022, la question se pose :
Que fait réellement la Conac pour changer la donne après 18 ans d’existence, se résume-t-elle finalement à rédiger uniquement les rapports ?