Le système de santé camerounais est confronté à un déficit alarmant de 68 000 personnels médicaux, selon les récentes déclarations du ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie. Cette situation, révélée lors de la défense du budget 2025 du ministère devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, met en lumière l’incapacité du pays à atteindre les standards fixés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Un déficit croissant en quatre ans
Le ministre a souligné que ce manque de personnel constitue un frein majeur à l’efficacité du système de santé, tout en rappelant que cette pénurie s’est aggravée de 13 000 agents depuis décembre 2021. À l’époque, le déficit était estimé à 55 000 personnels. Malgré les engagements pris ces dernières années pour améliorer la situation, la réalité montre une dégradation préoccupante.
Manaouda Malachie a cependant tenté de rassurer les parlementaires, affirmant que « des efforts sont en cours pour renforcer les effectifs sanitaires à travers un projet de recrutement massif ». Ce plan, bien qu’ambitieux, fait face à des contraintes budgétaires. « Les recrutements doivent être réalisés dans la limite des capacités financières de l’État », a-t-il précisé.
L’exode des professionnels de santé : un facteur aggravant
Le départ massif des professionnels de santé vers l’étranger complique encore davantage la situation. Entre avril et août 2024, le Cameroun a vu 6 000 médecins quitter le pays pour des destinations comme le Canada, selon le Groupement des entreprises du Cameroun (GICAM). Ce phénomène, également observé chez les enseignants, contribue à creuser un peu plus l’écart entre les besoins et les ressources disponibles.
Des promesses encore à concrétiser
Le ministre de la Santé avait déjà, en 2021, sollicité des moyens pour améliorer les conditions de travail des personnels médicaux et élaborer un plan de développement des ressources humaines. Toutefois, le rapport présenté cette année montre que peu de progrès ont été réalisés.
Face à cette crise, le recrutement annoncé devra être suivi d’actions concrètes pour éviter que la pénurie ne s’aggrave davantage. Au-delà du recrutement, il apparaît essentiel d’améliorer les conditions de travail et de rémunération des professionnels de santé afin de limiter l’exode vers l’étranger.
Le déficit actuel représente un défi majeur pour le Cameroun, où l’accès aux soins reste une préoccupation pour une grande partie de la population. Les mesures qui seront prises dans les mois à venir seront décisives pour redresser un système de santé sous pression.
