CAMEROUN: DEUX ANS SANS JUSTICE POUR MARTINEZ ZOGO

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Le 17 janvier 2025 marque deux ans depuis l’assassinat brutal de Martinez Zogo, journaliste et ancien chef de chaîne de la radio privée Amplitude FM, émettant depuis Douala, Cameroun. Pourtant, le processus judiciaire entourant cette affaire emblématique de liberté d’expression reste embourbé dans des débats de procédure, sans avancée significative. Depuis dix mois, dix-sept accusés comparaissent devant le Tribunal militaire de Yaoundé, incluant Léopold Maxime Eko Eko, ancien chef du contre-espionnage, l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga, et plusieurs agents de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE), dont le lieutenant-colonel Justin Danwe. La dépouille de Martinez Zogo demeure sous scellés judiciaires à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé, en attente d’une résolution.

Parcours d’un Journaliste Autodidacte

Né le 29 septembre 1972 à Etam Kouma, dans la Lékié, sous le nom d’Arsène Salomon Mbani Zogo, Martinez Zogo était le fils d’un gendarme. Après une blessure ayant mis fin à ses ambitions sportives, il s’est tourné vers l’animation de spectacles avant d’entamer une carrière à la radio sans formation formelle. Il fait ses débuts à Radio Siantou (RTS) sous la tutelle de J.P. Remy Ngono. Après un passage à Magic FM en 2006, il lance Embouteillage, une émission révélant les scandales impliquant des personnalités publiques. Cette émission deviendra sa marque de fabrique lorsqu’il rejoint Amplitude FM, où il occupera le poste de chef de chaîne jusqu’à sa disparition tragique.

Un Procès Enlisant dans la Lenteur Administrative

L’audience du 13 janvier 2025 au Tribunal militaire de Yaoundé n’a duré que vingt minutes, les débats ne pouvant se poursuivre faute de notifications nécessaires pour contester des décisions antérieures. Depuis novembre 2024, les juges ont rejeté des exceptions invoquées par les avocats de l’accusation, relatives aux irrégularités durant l’enquête préliminaire et l’instruction. Les avocats des ayants droit de Martinez Zogo ont, à leur tour, contesté les exceptions soulevées, provoquant des tensions avec les conseils des accusés. Me Jacques Mbumy, avocat du lieutenant-colonel Danwe, accuse la partie civile d’avoir délibérément retardé la procédure en tardant à relever appel.

Un Procès aux Multiples Rebondissements

L’implication des figures clés de la DGRE rend l’affaire particulièrement sensible. Léopold Maxime Eko Eko et Justin Danwe sont au cœur des accusations, ce dernier étant soupçonné d’avoir orchestré l’enlèvement et l’assassinat du journaliste. Douze agents de la DGRE sont également inculpés. Les avocats des accusés contestent la requalification des charges. En décembre 2024, ils ont indiqué manquer de fonds pour saisir la Cour d’appel, suscitant les moqueries de leurs adversaires.

Un Combat pour la Vérité et la Justice

Deux ans après sa mort, le souvenir de Martinez Zogo symbolise la lutte pour la liberté d’expression au Cameroun. Son assassinat reste une plaie ouverte, mettant en lumière les défis d’une justice entravée par des lenteurs administratives et des manœuvres dilatoires. La prochaine audience est prévue pour le 3 février 2025, mais peu d’espoir existe quant à une véritable avancée des débats. Le Cameroun et la communauté internationale continuent de suivre cette affaire avec une attention soutenue, dans l’espoir que justice soit enfin rendue à Martinez Zogo et à sa famille.

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