CAMEROUN – ENTRE RAS-LE-BOL GOUVERNEMENTAL ET DÉFIS DE CONNECTIVITÉ

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Alors que l’Afrique subsaharienne fait des progrès significatifs dans sa transformation numérique, le Cameroun fait face à des obstacles majeurs dans l’amélioration de la qualité de sa connectivité Internet. Le gouvernement camerounais, sous pression face à une dégradation constante des services de télécommunication, a récemment exprimé son mécontentement croissant face à la situation. Cette frustration s’est matérialisée par le lancement d’un audit national du réseau de fibre optique, géré par Camtel, dans le but d’évaluer et de résoudre les nombreux problèmes affectant l’infrastructure numérique du pays.

Le Cameroun est doté d’une infrastructure de fibre optique qui, en théorie, devrait soutenir une connectivité à haut débit pour l’ensemble du pays. Cependant, ces dernières années, la qualité des services Internet a considérablement diminué, en raison de coupures fréquentes de la fibre optique, de la mauvaise maintenance des infrastructures et des interruptions de l’alimentation électrique. Ces pannes affectent non seulement les opérateurs locaux comme MTN et Orange, mais aussi les utilisateurs finaux, ce qui a conduit à un mécontentement généralisé des consommateurs .

Selon un rapport publié par l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), la situation est préoccupante au point de compromettre la vision numérique du Cameroun. L’ART a révélé que la fibre optique, qui constitue l’ossature de l’Internet au Cameroun, est confrontée à une dégradation due à des coupures récurrentes causées par des travaux d’infrastructure et à une maintenance insuffisante. De plus, des difficultés d’approvisionnement en électricité compliquent le fonctionnement des sites techniques, accentuant l’instabilité du réseau .

Le ras-le-bol du gouvernement et des usagers

Face à cette situation critique, le gouvernement camerounais a pris des mesures drastiques, exprimant un ras-le-bol général vis-à-vis de cette dégradation de la qualité des services. Le ministère des Postes et Télécommunications, dirigé par Minette Libom Li Likeng, a appelé à une responsabilisation accrue des opérateurs et à une amélioration immédiate de la maintenance des infrastructures partagées. Camtel, principal gestionnaire de la fibre optique, a rejeté une partie de la responsabilité sur MTN et Orange, les accusant de négliger l’entretien des infrastructures .

Les consommateurs, de leur côté, expriment également leur frustration face à un Internet souvent lent et instable, alors que les coûts des forfaits restent élevés par rapport à la qualité fournie. Selon un rapport de l’Agence Française de Développement (AFD), la pénétration d’Internet au Cameroun est passée de 21 % à 38 % entre 2016 et 2020. Toutefois, les prix élevés des services et la qualité variable continuent de constituer des freins majeurs à la démocratisation de l’accès à Internet .

L’enjeu de la digitalisation dans une Afrique en transformation

L’Afrique subsaharienne se positionne de plus en plus comme un hub pour la transformation numérique mondiale. Des initiatives de connectivité, comme les câbles sous-marins ou les partenariats internationaux, visent à augmenter l’accès à Internet et à améliorer la qualité de la connectivité dans la région. Cependant, le Cameroun, qui joue un rôle clé en tant que point d’entrée pour les câbles sous-marins et la distribution de la fibre optique en Afrique centrale, risque de rater cette opportunité s’il ne parvient pas à améliorer son réseau.

Les experts soulignent que le manque de fiabilité des services Internet pourrait entraver le développement économique, la croissance des startups technologiques, et l’adoption des technologies numériques dans les secteurs tels que l’éducation, la santé et le commerce .

Amandine Bonny

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