MTN Cameroon, filiale locale du géant sud-africain des télécommunications, s’est offusqué de la qualité de son réseau suite aux perturbations dans les services Internet et de téléphonie mobile enregistrés depuis plusieurs jours dans le pays. L’entreprise l’a décrié dans un communiqué publié ce 23 septembre 2024.
«Nous connaissons actuellement une double coupure de fibre optique sur les segments Touboro-Madingri et Wanbanda-Ngouna, ce qui pourrait affecter l’expérience des clients dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, avec des appels interrompus et une vitesse Internet plus lente que d’habitude » a écrit MTN.
Des coupures de fibre optique à la hausse de 40% par rapport à a 2023
Depuis le début de l’année, les opérateurs subissent une « dégradation désastreuse » de la qualité de la fibre optique fournie par Camtel, l’opérateur public qui détient le monopole de gestion. D’après MTN Cameroun, « le nombre de coupures de fibre a augmenté de plus de 40 % par rapport à la situation de l’année dernière, qui était déjà assez préoccupante ».
Dans un entretien exclusif accordé a nos confrères, Mitwa Ng’ambi, la directrice générale de cet opérateur privé, a révélé qu’en août dernier, l’entreprise a enregistré le plus haut niveau d’instabilité de la fibre optique, avec une moyenne de plus de deux coupures de fibre par jour. À en croire MTN Cameroun, la multiplication des coupures s’est également accompagnée d’une augmentation de plus de 30 % du temps de résolution des incidents, qui peut parfois prendre plusieurs jours. La sortie de MTN intervient après le communiqué du 18 septembre dernier de Camtel, dans lequel l’opérateur public accusait ses concurrents d’être responsables de la mauvaise qualité du réseau « en raison du nombre élevé de leurs abonnés et de l’insuffisance des actions entreprises pour fluidifier leur trafic ».
Camtel préfère jouer la carte de la désinformation
MTN note avec étonnement la campagne récente de presse de Camtel, qui « désinforme le public sur les raisons de l’instabilité des services de communications électroniques », écrit l’entreprise. Pour l’opérateur privé de télécoms, « blâmer d’autres opérateurs ne résout pas les causes profondes de la détérioration de la qualité des services de communications électroniques ». En effet, Camtel est chargé par l’État de mettre la fibre optique à la disposition des autres opérateurs afin de fournir aux usagers des services de communications électroniques de qualité. Mais Camtel qui insiste sur sa responsabilité « proportionnelle » dans cette situation, indique que les actes de vandalisme sur son réseau, ainsi que les incidents liés à des travaux publics, aggravent également les difficultés rencontrées.
Au final, c’est le consommateur qui paie les frais
Il ne se passe pas un jour sans que les usagers ne se plaignent de la très mauvaise qualité des services mobiles offerts dans le secteur de la téléphonie au Cameroun. Ces plaintes et complaintes se caractérisent notamment par les interruptions des appels injustifiées, la situation hors réseau permanente des correspondants ou encore des débits injustifiés, inappropriés et approximatif de l’internet, et pire, une facturation absurde des sommes, entraînant la rétention abusive des unités et des mégas et au final c’est de l’argent qui se volatilise des comptes des millions d’usagers camerounais », Lilian Koulou, coordonnateur général de l’association des consommateurs camerounais, estime à plus de 300 millions de FCFA, l’argent perdu “ gratuitement” par les consommateurs camerounais de la téléphonie depuis janvier 2024.
Pour remédier à cette situation, l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ART) a annoncé, le 11 septembre dernier, un « audit opérationnel » du réseau national à fibre optique de Camtel. D’après le DG de l’ART, Philémon Zo’o Zame, les premiers résultats de cette opération en cours montrent que cette infrastructure nationale est dans un état de dégradation continue, et que les conditions actuelles de sa maintenance sont à réévaluer.