Le gouvernement camerounais serre la vis aux producteurs de whisky en sachet. Le 20 mars dernier, Fuh Calistus Gentry, ministre par intérim des Mines et de l’Industrie, a ordonné la mise sous scellés des locaux de Reddys Global Industries, filiale camerounaise du groupe indien du même nom. La raison ? « L’entreprise produit des boissons susceptibles de porter atteinte à la santé des consommateurs », a déclaré le ministre lors d’une visite dans la région du Littoral.

La société a désormais deux mois, non-renouvelables, pour se conformer à l’exigence de conditionnement en bouteilles, sous peine de fermeture définitive. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la production et la commercialisation d’alcool en sachet, jugé dangereux pour la santé publique. Le ministre a souligné que ces boissons étaient « susceptibles de porter atteinte à la santé des consommateurs » et a donné à l’entreprise un délai de 2 mois pour se conformer aux nouvelles exigences de conditionnement en bouteille, sans quoi elle devra définitivement cesser ses activités.
Présent en Afrique depuis plus de 15 ans, le groupe Reddys Global Industries opère au Cameroun, au Mozambique et en Zambie. Il commercialise plusieurs marques d’alcool, dont Zed, Royal, 6PM, Flame, Samson et Terminator. Malgré un chiffre d’affaires estimé à 21,5 millions de dollars (environ 13 milliards de FCFA) en 2023, l’entreprise doit désormais revoir son modèle pour continuer à exister sur le marché camerounais. En effet, au-delà du changement de packaging, elle devra améliorer les conditions d’hygiène de ses installations avant d’espérer rouvrir ses portes.
Un événement récent a mis en lumière la dangerosité de ces produits. Un concours de buveurs de whisky en sachet organisé dans la ville de Nkongsamba, à environ 200 km de Douala, a viré au drame. Le vainqueur de la compétition est décédé peu de temps après son exploit, tandis que son dauphin a été admis à l’hôpital dans un état critique. Cet incident tragique relance le débat sur la consommation excessive et incontrôlée de ces boissons.
Le Cameroun n’est pas le seul pays à lutter contre ce fléau. Plusieurs États africains, dont le Rwanda, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, ont déjà pris des mesures pour interdire la vente et la production d’alcool en sachet.
Au Tchad, l’alcool en sachet, surnommé « whisky des pauvres », est un véritable problème de santé publique. Malgré l’interdiction de ces boissons frelatées par décret depuis 2022, leur consommation reste répandue et entraîne de graves conséquences. Des cas de décès liés à ces boissons ont été signalés, notamment parmi les jeunes qui en sont les principaux consommateurs.
La lutte contre l’alcool en sachet en Afrique repose non seulement sur des interdictions gouvernementales, mais aussi sur une sensibilisation accrue des populations aux dangers de ces produits. La migration vers un conditionnement plus sûr, comme l’exige aujourd’hui le Cameroun, pourrait être une solution pour réduire ces risques.