Jean-Baptiste Nguini Effa, ancien directeur général de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP), est enfin libre. Il a été libéré ce 29 août 2024, après avoir happé 15 ans à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. un feuilleton juridique qui a connu des tourments et des contours des plus inattendus pendant 15 ans.
Condamné par le Tribunal criminel spécial (TCS) de Yaoundé à 15 ans de réclusion ferme pour détournement de 2 milliards de francs CFA, Nguini Effa peut désormais rentrer chez lui après une incarcération tumultueuse qui a débuté en août 2009. Avant de parler de sa libération, il est important de revenir sur quelques faits saillants qui ont marqué ce processus juridique.
Les faits remontent à 2009
C’est en effet en juin 2009 que le DG de la SCDP a été arrêté après avoir été démis de ses fonctions. Il dirigeait la SCDP depuis 1994. Cette arrestation a eu lieu après une enquête du Contrôle supérieur de l’État où des fautes de gestion avaient fait perdre à l’entreprise publique qu’il dirigeait plus de 900 millions FCFA, entre autres.
Que lui reprochait concrètement la justice?
Rappelons que la justice camerounaise lui reprochait au total 14 chefs d’accusation. L’ex-directeur général de la SCDP et ses coaccusés étaient des principaux mis en cause. Lesdits chefs d’accusation portaient sur la rétention frauduleuse de différentes sommes d’argent au préjudice de la société camerounaise des dépôts pétroliers entre 1996 et 2009.
Soit 46 900 000 FCFA, 182.840.000, 212.000.000 FCFA, 882.800.000 FCFA, 99.000.000 FCFA, 30.595.000 FCFA représentant des décaissements directs dans la caisse principale et secondaire de l’entreprise, les retraits bancaires, la location fictive des véhicules, les dépenses de souveraineté, les indemnités de logement, les primes fictives sans pièces justificatives ni compte emplois, ainsi que les fonds destinés aux travaux d’aménagement du site pétrolier de Nsam à Yaoundé.
Une expertise avait été commise par le TGI du Wouri par 03 experts financiers. Il s’agissait des nommés Dissak, Momo et Koum qui avaient déjà réussi l’exploit d’attribuer à Ngamo Hamani, ex AP de Camair, seul sans coaccusé un détournement mirobolant de 127 milliards de Francs CFA en 3 ans de gestion, montant qui va être ramené à moins de 2 milliards par une contre-expertise avec d’autres experts comptables, laquelle contre-expertise avait été ordonnée par la juridiction de jugement du TGI du Wouri.
Après une incarcération préventive à la prison de New Bell à Douala, il a été condamné en octobre 2012 à 30 ans de prison par le Tribunal de grande instance du Wouri pour le détournement de 2 milliards FCFA. Mais en juin 2022, cette peine a été réduite à 15 ans par le Tribunal criminel spécial qui a réexaminé le dossier.
Une demande de liberté adossée sur la fragilité de sa santé
Dans sa quête de liberté en 2020, l’ex-directeur général de la Scdp qui était déjà en prison depuis 11 ans, avait dressé en ce temps six propositions comme des mesures additives au décret du 15 avril pour un désengorgement effectif de la prison.
Adressé au chef de l’État, il a sollicité de procéder à la libération provisoire ou définitive de tous les détenus âgés d’au moins 60 ans. En deuxième lieu, il préconise la libération provisoire ou définitive de tous les malades présentant des pathologies à risques et autres comorbidités: diabète, hypertension, immunodéficiences, maladies respiratoires et cardiaques, obésité grave, femmes enceintes etc. En troisième lieu, il suggère de libérer tous les handicapés physiques et mentaux, et de tous les mineurs.
En ces temps il s’était exprimé sous le couvert du ministre de la justice Laurent Esso « Nous vous supplions de bien vouloir solliciter la haute magnanimité du chef de l’état, président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature, d’aller encore plus loin que le Décret du 15 avril 2020, en usant de toutes les prérogatives que lui confère la Constitution du Cameroun pour prendre des actes pouvant conduire à la décongestion effective et significative des prisons au Cameroun pour limiter la propagation évidente et très observable de la pandémie du Covid-19 en milieu carcéral et qui concerne tous (les détenus quel que soit leurs statuts judiciaires), implore-t-il auprès du ministre d’État.
Malheureusement cette requête n’a jamais trouvé un échos favorable ni même un retour. Depuis lors, sa famille et lui attendaient avec impatience sa libération définitive dans les prochains mois. Cependant il leur a fallu attendre encore quatre ans pour que le Dr Effa recouvre la liberté définitivement.
Et maintenant ?
Alors qu’il est libre seulement depuis 24 heures, le Dr Nguini Effa n’a pas manqué de se confier à l’une de ses anciennes connaissances de kondengui, le Dr David Eboutou qui s’exprimait sur radio balafon ce 30 août. Selon lui, jean baptiste nguini pense avoir encore du potentiel et de la compétence mais surtout un peu d’énergie pour servir vaillamment son pays selon que sa santé lui permettra. Ce qui pourrait vouloir dire qu’il souhaite probablement revenir aux affaires. Cette idée ne serait pas tout a fait folle, si on considère les années d’expérience et le bagages intellectuelle dont il faut montre.