Depuis décembre 2024, la capitale camerounaise, Yaoundé, vit au rythme d’une campagne de vente promotionnelle de produits de première nécessité, orchestrée par le gouvernement. Face à la flambée des prix des denrées alimentaires, cette initiative vise à rendre accessible des produits de base tels que le riz, l’huile, la viande et le poisson. Le boulevard du 20 mai, épicentre de cette opération, voit chaque jour une file impressionnante de citoyens, tous attirés par l’offre phare : un sac de 50 kg de riz à 15 000 FCFA.

Initialement prévue pour s’achever le 10 janvier 2025, cette campagne, en raison de l’engouement massif de la population, a été prolongée jusqu’à la fin du mois. Le ministre du Commerce a même annoncé que l’opération pourrait s’étendre davantage « autant que les populations le souhaiteront ». Deux camions, chacun chargé de 1 500 sacs de riz, ont déjà été envoyés pour assurer la disponibilité continue de cette denrée tant convoitée.
Une bataille contre l’inflation et la dépendance extérieure
Le Cameroun reste encore dépendant des importations pour satisfaire ses besoins en riz, une situation que les autorités tentent de renverser. Avec une consommation nationale de riz dépassant 576 000 tonnes par an, la production locale peine à combler le déficit, obligeant le pays à importer environ 110 000 tonnes par an.
Pour répondre à cette problématique, le gouvernement a mis en place une ambitieuse stratégie visant à tripler la production nationale de riz d’ici 2027. Ce programme, lancé en mai 2023, prévoit un investissement de 385 milliards de FCFA pour porter la production à 460 000 tonnes à court terme, avec pour objectif d’atteindre 750 000 tonnes d’ici 2030.
L’enjeu est crucial : réduire la dépendance aux importations, renforcer la sécurité alimentaire et offrir aux Camerounais des produits à des prix abordables. Cependant, cette ambition repose sur la mise en place d’infrastructures modernes et l’amélioration des capacités agricoles locales, des défis que le gouvernement entend relever avec détermination.
Vers l’autosuffisance en 2030 ?
L’objectif affiché est clair : atteindre un taux d’autosuffisance de 97 % en riz d’ici la fin de la décennie. Cela permettra non seulement de stabiliser les prix sur le marché intérieur, mais aussi de réduire la vulnérabilité du pays face aux fluctuations des cours mondiaux. En attendant, la prolongation de la campagne de vente promotionnelle constitue un soulagement temporaire pour les ménages de Yaoundé et d’ailleurs, qui continuent de lutter contre la vie chère.
Les marchés du Carrefour Meec et de Kondengui, également engagés dans cette campagne, jouent leur rôle dans la distribution des produits subventionnés, contribuant ainsi à la réduction de la pression économique sur les foyers.
Au-delà des simples chiffres, cette initiative révèle les efforts constants du gouvernement pour affronter la crise alimentaire. Toutefois, la route vers l’autosuffisance alimentaire reste longue, et les Camerounais attendent avec impatience les fruits de ces mesures qui, espérons-le, porteront le pays vers une nouvelle ère d’indépendance alimentaire.