La banque mondiale révèle que le manque de transparence caractérise la mauvaise gestion des marchés publics au Cameroun.
La Banque mondiale examine dans son étude sur la vulnérabilité des PME au Cameroun et leur accès à la commande publique les principaux aspects de la procédure de passation des marchés. Globalement, les chefs d’entreprises expriment une satisfaction inférieure à la moyenne. Selon l’institution de Bretton Woods, 94% des entreprises interrogées estiment que le système de passation des marchés publics et d’attribution des bons de commande administratifs au Cameroun manque de transparence.
Récemment au Cameroun, il y a eu une série de résiliations de contrats dans le secteur des Bâtiments et Travaux Publics (BTP), touchant tant les entreprises locales que étrangères. Ces résiliations sont principalement attribuées à des prestataires jugés défaillants en raison de leur manque d’organisation et de ressources matérielles et humaines adéquates. Lors d’une entrevue à la télévision nationale le 24 octobre 2023, Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux Publics, a admis que plusieurs de ces entreprises avaient obtenu les marchés par des pratiques de « tricherie ». Actuellement, la passation des marchés publics est réglementée par le décret présidentiel N°2018/366 de juin 2018, qui établit le Code des Marchés Publics.
D’après une récente enquête de la Banque mondiale, qui est aussi le principal partenaire multilatéral du Cameroun pour le premier trimestre 2024, selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), plusieurs préoccupations majeures ont été relevées par les entreprises. En effet, 39,51% des entreprises signalent des cas de corruption impliquant des agents publics, tandis que 48,38% regrettent un manque d’information et 11,61% évoquent la complexité des procédures, notamment pour les PME. Ces constats interviennent bien que le Cameroun ait lancé il y a plus de cinq ans le projet de dématérialisation des procédures de passation des marchés publics, connu sous le nom de « Cameroon On-Line E-procurement System » (Coleps). Ce projet visait à réduire les possibilités de corruption en minimisant les interactions humaines. Cependant, selon l’enquête menée par la Banque mondiale, 75,9% des entreprises interrogées n’ont aucune connaissance de ce système.
La liste des préoccupations s’allonge à mesure que le délai de soumission, généralement compris entre 20 et 50 jours, est jugé trop long par près de 70% des entreprises interrogées. Par conséquent, elles estiment qu’il serait excessif de prolonger ces délais à 90 jours pour les appels d’offres internationaux, comme le propose l’article 89 du Code des Marchés publics. De même, 91,4% des PME considèrent ce délai comme excessif pour les paiements, selon la Banque mondiale. De plus, 93,3% des entreprises sondées estiment qu’il y a trop de documents requis et que les procédures administratives rallongent les délais.
En revanche, les petites et moyennes entreprises elles-mêmes font face à leurs propres défis. Par exemple, 79,8% d’entre elles rencontrent des difficultés de financement, notamment pour mobiliser les cautions requises (62,2%), ce qui explique pourquoi 36,1% jugent les coûts élevés pour l’obtention de certifications comme les normes ISO ou RSE. De plus, 75,1% des PME ne peuvent pas toujours justifier des capacités techniques et matérielles requises.