Le Cameroun vit depuis le mardi 22 avril dernier une grève nationale inédite dans le secteur de l’éducation. À l’appel du Collectif des organisations des enseignants du Cameroun (Corec), une coalition de plus d’une dizaine de syndicats, les enseignants du public comme du privé observent un arrêt de travail de quatre jours, du 22 au 25 avril. Cette mobilisation, baptisée « École morte », vise à faire pression sur le gouvernement afin qu’il s’attaque aux nombreux dysfonctionnements du système éducatif.

Depuis plusieurs années, les enseignants camerounais dénoncent la dégradation progressive de leurs conditions de travail, le non-respect des engagements de l’État, ainsi qu’un manque de reconnaissance de leur rôle dans la société. Face à l’inaction des autorités, les syndicats ont décidé de hausser le ton.
Des revendications claires et structurées
Au cœur du mouvement, six revendications majeures résument les aspirations des grévistes :. La convocation d’un forum national pour repenser l’école camerounaise dans son ensemble, en impliquant tous les acteurs du secteur.. La revalorisation effective du statut spécial des enseignants, souvent resté lettre morte malgré les promesses gouvernementales.. L’élaboration d’une convention collective pour les enseignants du secteur privé, afin d’unifier les conditions de travail et les droits sociaux.. Un environnement de travail plus stable, respectueux de la dignité des enseignants et propice à l’exercice serein de leur mission.. Des mesures concrètes contre la précarité, notamment le paiement régulier des salaires, le reclassement, et la régularisation des situations administratives en attente.. La reconnaissance du rôle central des enseignants dans le développement national, traduite par des politiques éducatives cohérentes et ambitieuses.
Une mobilisation qui gagne du terrain
Dans les principales villes du pays, les établissements scolaires sont restés fermés ou fonctionnent au ralenti. Des pancartes affichant « École morte » ont été vues devant plusieurs lycées et collèges. Des réunions et rassemblements pacifiques ont également été organisés par les syndicats pour sensibiliser l’opinion publique.Le silence du gouvernement interrogeJusqu’à présent, les autorités camerounaises n’ont pas officiellement réagi au mouvement, une attitude qui alimente l’inquiétude et la frustration des enseignants. Le Corec a déjà prévenu qu’en l’absence de réponse satisfaisante, d’autres actions pourraient suivre, allant jusqu’à un durcissement du mouvement.Cette semaine s’annonce donc cruciale pour l’avenir de l’éducation au Cameroun. Les regards sont tournés vers Yaoundé, où la balle est désormais dans le camp du gouvernement.