Le Cameroun commémore ce 6 novembre 2024 un événement marquant : le 42ème anniversaire de l’accession de Paul Biya à la présidence. Depuis son arrivée à la tête de l’État le 6 novembre 1982, suite à la démission d’Ahmadou Ahidjo, Paul Biya a consolidé son statut de dirigeant emblématique, devenant l’un des chefs d’État les plus anciens en fonction sur le continent africain.
Un parcours au long cours, marqué par des dates clés
Après un retour de ses études en France en 1962, Paul Biya gravit rapidement les échelons du pouvoir, passant de chargé de mission à la présidence à Premier ministre en 1975. Lorsqu’Ahmadou Ahidjo se retire en 1982, il lui succède en vertu des dispositions constitutionnelles. Pourtant, le début de son mandat n’a pas été sans turbulences : une tentative de coup d’État en 1984, menée par des partisans d’Ahidjo, a consolidé le besoin pour Biya de s’affirmer comme seul leader de la nation.
L’année 1990 marque un tournant avec le rétablissement du multipartisme, répondant aux pressions internes et aux exigences internationales pour la démocratisation. Cette « session des libertés » élargit l’espace politique et ouvre le pays à des réformes significatives, dont la liberté de presse et d’association.
Au-delà des festivités, le bilan des 42 années de pouvoir de Paul Biya reste un sujet de discussion parmi les Camerounais. Entre les avancées diplomatiques, comme la victoire du Cameroun en 2002 sur le Nigéria concernant la péninsule de Bakassi, et les défis toujours présents, notamment en matière de démocratie et de prospérité, l’héritage de Paul Biya est aussi vaste que complexe. Tandis que certains lui reconnaissent une gestion prudente et une longévité exceptionnelle, d’autres souhaitent voir émerger une nouvelle génération pour conduire le pays vers un avenir plus prometteur.
Les Défis du Cameroun : Entre Stabilité et Urgence de Renouveau
Au cours des dernières décennies, le régime de Paul Biya a dû faire face à des défis sécuritaires croissants. Depuis 2016, la crise anglophone, qui oppose des groupes séparatistes aux forces gouvernementales dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, continue de s’aggraver. À l’origine de cette crise, un sentiment de marginalisation des populations anglophones et des revendications pour une plus grande autonomie, voire une indépendance. Les violences ont entraîné des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes.
La région de l’Extrême-Nord de son coté, reste confrontée aux attaques du groupe terroriste Boko Haram, actif aussi au Nigéria voisin. Depuis 2013, cette menace a non seulement entraîné des pertes humaines mais aussi des déplacements massifs de populations, aggravant une situation humanitaire déjà fragile.
Sur le plan économique, le pays peine à diversifier son économie et à réduire la pauvreté. Les inégalités entre les différentes régions du pays, surtout en matière d’accès à l’emploi et aux infrastructures de base, freinent le développement global.
Inscription Record sur les Listes Électorales pour 2025
À l’approche des élections présidentielles de 2025, l’inscription sur les listes électorales a connu une forte hausse. Selon les chiffres annoncés le 3 septembre 2024 par le Directeur général des élections, Dr. Erik Essoussè, le nombre de nouveaux inscrits s’élève à 1 254 438 pour l’année 2024, un bond significatif comparé aux 368 119 nouveaux inscrits en 2023. Ce chiffre porte le total des électeurs potentiels à 8 116 960.
Erik Essoussè a souligné que les équipes d’inscription ont travaillé dans le respect de la loi électorale, de janvier à août 2024. Le directeur général se réjouit d’un fichier électoral qui dépasse l’objectif fixé de 7,5 millions d’inscrits pour l’exercice 2024, témoignant d’un intérêt grandissant des citoyens pour l’avenir politique du Cameroun.
La Longévité Politique de Paul Biya et les Appels au Changement
Le 42e anniversaire de l’accession de Paul Biya à la présidence divise la scène politique camerounaise. Alors que les militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) célèbrent cette longévité, louant la stabilité apportée par Biya, une part croissante de la population appelle à un renouveau politique. Le souhait d’une démocratie plus participative se fait entendre, avec des voix qui réclament des réformes électorales visant à garantir davantage de transparence et d’équité dans les processus électoraux.
La société civile et les partis d’opposition pointent du doigt un système perçu comme peu compétitif et injuste. Parmi les réformes demandées figurent la création d’un organe électoral véritablement indépendant, la mise en place d’élections libres et justes, et un cadre garantissant l’égalité des chances pour tous les candidats.
En somme, ce 6 novembre 2024 marque non seulement un anniversaire politique, mais aussi une réflexion nationale sur les perspectives d’un Cameroun en pleine mutation.
