Déjà six mois et sept audiences après son ouverture le 25 mars 2024, le procès des 17 accusés de l’assassinat du journaliste Martinez zogo, connait un nouveau renvois et un nouveau rebondissement.
Après la découverte du corps sans vie de Martinez Zogo, il ya un an dans la localité d’Ebogo 3. 17 personnes ont été inculpées dans cette affaire. Depuis plus d’un an, ils sont jugés pour leur implication présumée dans cet acte criminel au tribunal militaire de Yaoundé. Cependant depuis son ouverture, le procès n’a cessé de connaître des renvois et des rebondissements
Audience du 25 mars
plus de trois heures de débat, en présence des accusés, L’audience tendue a débouché sur une polémique de la défense, concernant l’identité du corps de Martinez Zogo. La défense demande une vérification de l’identité du défunt et par conséquent une levée de scellé. Face à cette requête, les avocats de la famille opposent une vive résistance. Calvin Job, l’avocat de la famille de Martinez Zogo explique que “ l’on vient nous dire que finalement on ne sait pas si c’est Martinez qui a été assassiné. Nous sommes quand même à plus d’un an d’instruction et même l’ordonnance de renvoi marquait bien évidemment que c’est Martinez Zogo qui a été assassiné. On ose nous le dire que ce n’est pas le cas. Cela démontre une fébrilité dans le camp d’en face. Au lieu d’aborder les questions essentielles, ils abordent des questions périphériques. » Il s’ensuit de vives discussions, et finalement le renvoie de l’audience au 15 avril.
Audience du 15 avril 2024
Le lundi 15 avril 2024 s’est tenue la deuxième audience du procès très attendu de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo au Tribunal militaire de Yaoundé. Cette audience marathon a été marquée par plusieurs moments forts : Rejet des demandes de diffusion des débats et de communication du dossier. Le ministère public, représenté par le Lieutenant-colonel Belinga Cerlin, Mme Gwang Claudine et M. Tchatieu Kameni, s’est fermement opposé aux demandes formulées par les parties civiles et la défense. Le Commissaire du Gouvernement a invoqué l’article 306 du Code de procédure pénale pour justifier le rejet de la diffusion télévisée des débats, arguant que cela risquerait de faire « office de publicité ». La question de la responsabilité civile de l’Etat du Cameroun a été soulevée par les parties civiles. Le tribunal a indiqué qu’il apprécierait cette question ultérieurement.
Audience le 6 mai 2024
L’audience du 6 mai 2024 a été consacrée à la question de la responsabilité civile de l’Etat du Cameroun, à la communication de la liste des témoins et à l’ouverture des débats. Au cours de la même audience, ce tribunal a aussi rejeté la demande de la famille de Martinez Zogo portant sur la levée des scellés sur le corps du journaliste regretté. Le président du tribunal de Yaoundé, le lieutenant-colonel Belinga Cerlin et les membres de cette collégialité ont jugé prématurée la levée de ces scellés étant entendu que le procès n’est qu’à sa phase préliminaire.
Au bout de 5 renvois et aucune véritable décision, plusieurs Camerounais s’inquiètent déjà des lenteurs observées dans cette affaire qui implique plusieurs cadres de l’armée camerounaise, des hauts gradés de la police et d’éminents hommes d’affaires du pays.
Audience du 29 juillet
La sixième audience du procès des assassins présumés du journaliste camerounais, qui s’est tenue le 29 juillet à Yaoundé, a débouché sur un nouveau renvoi. Au centre de la querelle entre les parties : l’accès au dossier de procédure. Aujourd’hui, les audiences se poursuivent sous fonds de renvoies.
Audience du 19 août
Ce lundi 19 août s’est finalement tenue la 7e audience au tribunal militaire de Yaoundé. A l’issue de cette énième audience, la DGRE a été considérée civilement responsable dans le procès du meurtre de Martinez Zogo. Le tribunal a rejeté la demande d’un sursis déposé par plusieurs parties. Prenant la parole devant l’audience, le commissaire du gouvernement a d’abord rappelé à la Cour que l’État est civilement responsable des actes commis par ses agents au sein de la DGRE, et ne saurait par conséquent se constituer partie civile. Une requête approuvée par la Cour. La Direction Générale de la Recherche Extérieure est donc considérée uniquement comme civilement responsable dans ce procès.
Il s’agit d’une petite victoire pour maître Jacques Mbuny, avocat de Justin Danwe, inculpé pour « complicité d’assassinat » : “ La DGRE ne peut pas venir comme si Martinez était un agent de la DGRE, pour dire qu’elle est victime et elle se constitue partie civile, et en même temps civilement responsable. Parce que pour nous, toute condamnation qu’il pourrait y avoir, dans le cadre de ce service, la DGRE sera tenue pour responsable”.
Durant les six heures de débats, que cette audience à durée, les discussions ont également porté sur la suspension ou non de l’audience. Certaines parties ont demandé un sursis suite à l’introduction d’un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. Maître Seri Zokou avocat de Maxime Eko Eko, ancien directeur de la DGRE regrette le rejet de cette demande par le tribunal : « Le tribunal n’a pas eu la même lecture que nous. Cela nous étonne parce qu’il est connu et reconnu dans toutes les législations qu’en matière répressive, un pourvoi donne lieu à un effet suspensif. »
Comme de nombreux Camerounais le redoutaient, le tribunal militaire a renvoyé l’affaire au 9 septembre 2024, les avocats espèrent l’ouverture des débats à cette occasion. Surtout maintenant que la Direction générale des renseignements extérieurs (DGRE) est désormais constituée de partie civile dans ce dossier.