Selon Anicet André Mintop, coordonnateur national de la Couverture Santé Universelle (CSU), une avancée efficace de ce programme à long terme nécessite l’existence d’un cadre légal. « La CSU ne peut pas être financée uniquement par le budget de l’État, il faut une loi permettant aux citoyens de contribuer. On ne peut pas demander de l’argent sans un encadrement juridique », a-t-il déclaré au site d’information www.ecoMatin.com.
Le Cameroun a lancé la première phase de sa Couverture Santé Universelle en avril 2023, avec un financement de 95 milliards de FCFA, ciblant les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans. Cependant, un an après sa mise en œuvre, le bilan est mitigé. Le programme a permis de réaliser 140 416 accouchements, dont 7 066 césariennes, et de faire baisser le coût de l’hémodialyse à 15 000 FCFA par an pour deux séances hebdomadaires dans 12 centres de dialyse.
Face à ce bilan peu encourageant, la Banque mondiale a recommandé une réforme complète du système. Cette réforme est jugée indispensable pour résoudre les problèmes de financement, actuellement pris en charge par le budget du ministère de la Santé publique et les partenaires financiers.
En d’autres termes, la réforme apporterait des réponses sur la solidarité nationale : qui doit contribuer et à quelle hauteur pour financer la CSU ? « La loi est cruciale pour faire avancer les choses. Elle nous rendrait plus efficaces. Aujourd’hui, on parle d’augmenter le panier de soins, mais nous sommes limités par les ressources disponibles. Avec un financement adéquat, nous pourrions couvrir davantage de soins essentiels », explique Anicet André Mintop.
Si l’adoption d’une loi sur la CSU semble probable au Cameroun, comme cela a été le cas en Afrique du Sud en mai dernier, la Banque mondiale souligne dans sa Revue des finances publiques les défis persistants en matière de santé. Parmi ces défis, on note la maîtrise des coûts de la CSU et l’harmonisation des différentes approches de financement des soins de santé. De plus, le Cameroun n’a toujours pas atteint l’objectif de 15 % du budget gouvernemental alloué au secteur de la santé, fixé par la Déclaration d’Abuja de 2001.
Par exemple, la loi de finances rectificative de 2024 alloue 257,7 milliards de FCFA au ministère de la Santé publique, soit 3,6 % du budget de l’État, qui s’élève à 7 212,5 milliards de FCFA. La Banque mondiale en conclut que « le secteur de la santé ne figure pas encore parmi les priorités du gouvernement ».