Dans une décision rare et marquante, l’équipe nationale du Nigeria, les Super Eagles, a refusé de disputer son match contre la Libye, prévu pour le mardi 15 octobre 2024, dans le cadre des qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025 (CAN). Ce boycott, décidé à la dernière minute, survient après ce que l’équipe a qualifié de « traitement inhumain » depuis son arrivée en Libye. Retour sur un épisode houleux qui a secoué le monde du football africain.
Un accueil désastreux à l’aéroport d’Al Abraq
Tout commence dimanche 13 octobre, lorsque l’équipe nigériane atterrit à l’aéroport d’Al Abraq, une petite ville de l’est de la Libye, suite au déroutement imprévu de leur vol initialement prévu pour Benghazi. Dès leur arrivée, les Super Eagles se retrouvent dans des conditions invivables. Pendant plus de 12 heures, l’équipe, avec son staff, est bloquée dans cet aéroport désaffecté. Ni nourriture, ni lits, ni même un moyen de communication adéquat n’étaient mis à disposition. Le capitaine de l’équipe, William Troost-Ekong, a rapidement exprimé son indignation sur les réseaux sociaux, dénonçant ce traitement déplorable et refusant catégoriquement de jouer dans ces conditions.
Un refus catégorique : “Nous ne jouerons pas”
La situation prend une tournure encore plus dramatique lorsque, après plus de 13 heures d’attente, un bus est enfin mis à disposition des Super Eagles pour les emmener à leur hôtel. Cependant, la distance entre Al Abraq et Benghazi, couplée à des préoccupations concernant la sécurité, pousse l’équipe nigériane à une décision radicale. Refusant de faire le trajet en bus et s’inquiétant pour leur bien-être, les joueurs décident de boycotter le match. « Nous avons décidé de ne pas jouer ce match », a déclaré Troost-Ekong sur les réseaux sociaux. « Laissons-leur les points. »
Les réactions en chaîne et l’implication de la CAF
La Fédération nigériane de football (NFF) a immédiatement adressé une plainte officielle à la Confédération Africaine de Football (CAF), dénonçant non seulement le traitement réservé à son équipe, mais également les conditions générales de sécurité en Libye. De son côté, la Fédération libyenne a tenté de minimiser l’incident, parlant d’un « simple malentendu » dû au déroutement du vol. Néanmoins, la tension est palpable, notamment après les déclarations de l’ancienne star nigériane Victor Ikpeba, qui appelle à des sanctions sévères contre la Libye.
Un contexte géopolitique sensible
Cet incident ne fait que mettre en lumière les difficultés auxquelles fait face la Libye depuis plus d’une décennie. Divisée entre deux gouvernements rivaux et en proie à l’instabilité, la Libye reste un terrain dangereux, comme l’ont souligné plusieurs membres de l’équipe nigériane. La question qui se pose désormais est celle de la sécurité des compétitions sportives dans de tels environnements.
Un revers pour les qualifications de la CAN 2025
Avec cette annulation, les Super Eagles, actuellement en tête de leur groupe avec 7 points, perdent l’occasion de sécuriser encore plus leur avance. De leur côté, les Libyens, derniers du groupe avec un seul point, récupèrent des points par défaut, mais la polémique qui entoure cet événement pourrait bien avoir des répercussions sur le ong terme.
Ce boycott des Super Eagles restera sans doute comme un rappel fort que, dans le sport, comme ailleurs, la dignité humaine est non négociable.