Le 15 août 1960 au 15 août 2024, le Congo Brazzaville célèbre 64 ans d’indépendance, après 70 ans de colonisation. Durant ces deux décennies le pays a été fortement marqué par un grand nombre d’instabilités sociales, économiques et politiques, avec en fond de toile, plusieurs tentatives de coup d’État. 64 ans plus tard, quel bilan, et quelles perspectives pour le pays de Denis Sassou Nguesso ?
Après 70 ans de colonisation, Le 15 août 1960, le Congo devient indépendant de la France. L’abbé Fulbert Youlou est le premier Président. Les deux décennies suivantes sont marquées par un grand nombre d’instabilités tant sur le plan économique, social et Politique.
Dès lors, plusieurs tentatives de coup d’État, dont quatre réussissent, en 1963, 1968, 1977 et 1979. De 1969 à 1992.
Depuis près de 20 ans, sous l’air de l’actuel Président Denis Sassou Nguesso, le pays vit sous fond de tensions permanente. De mars 2002 à mars 2003, des affrontements opposent troupes gouvernementales et miliciens dans la région du Pool sud. On compte entre 4.000 et 10.000 personnes tuées. Après un an d’accalmie, des affrontements éclatent à Brazzaville puis s’étendent à plusieurs régions. Cette instabilité sociale perdure dans le pays et rend l’atmosphère plus craintive. Les habitants sont guidés par la peur.
A cela s’ajoute également une instabilité économique et financière. Aujourd’hui le pays est fortement dépendant des revenus pétroliers, l’économie de la République du Congo a été significativement affectée par les fluctuations des prix mondiaux du pétrole depuis 2015. Le pays a connu une crise économique et financière majeure en raison de la baisse des prix internationaux du pétrole, entraînant une chute substantielle des recettes d’exportation. Après deux années de récession, une légère croissance a repris en 2018 et 2019. Cependant, la pandémie de COVID-19 a provoqué une nouvelle récession de 8,1 % en 2020. Par la suite, l’économie a commencé à se redresser, avec des taux de croissance de 1,5 % en 2021 et de 1,7 % jusqu’en 2022, avant de replonger.
Avec elle, cette chute de la croissance économique a entraîné un chômage massif des jeunes. En République du Congo, seulement 4 jeunes sur 10 ont la possibilité d’intégrer les fonctions publiques, alors que le reste se noie dans les métiers informels et la débrouillardise.
Alors que le pays célèbre 64 années d’indépendance, la quasi-totalité de sa population broie du noir, et se demande à quand les pouvoirs publiques vont véritablement sortir le pays, dans cette boucle d’insécurité, de pauvreté et de précarité. Les questions d’emplois des jeunes, de scolarisation, de soins sont de plus en plus au centre des préoccupations des congolais depuis plus de 10 ans.
Face à ces préoccupations permanentes, le gouvernement tente d’apporter des réponses. C’est le cas du président Denis Sassou Nguesso dans son adresse à la jeunesse ce mercredi à l’occasion de la célébration des 64 ans d’indépendance.
Dès le commencement de son intervention de quinze minutes mercredi, le président congolais Denis SASSOU NGUESSO a valorisé le sens élevé des responsabilités des anciens, expliquant que cela constituait « un impératif devant la finalité de léguer aux générations montantes et futures un flambeau qui résisterait à toutes intempéries ». Lors de la poursuite de son discours, l’élu, qui a proclamé 2024 année de la jeunesse, a encouragé les jeunes à rejeter les solutions rapides. Il a souligné que leur rôle est de faire preuve d’humilité pour bénéficier des connaissances des anciens, de montrer du courage, d’être dynamiques, de saisir toutes les opportunités d’emploi, d’éviter les raccourcis faciles et impatients, et de progresser par le travail acharné. Selon le chef de l’État, en ce qui concerne la jeunesse, « l’apprentissage et la formation professionnelle des jeunes sont essentiels pour faciliter leur insertion rapide sur le marché du travail ».
Il a aussi souligné la responsabilité de l’État et, plus particulièrement, celle des jeunes face aux impacts négatifs du changement climatique. Le président a décrit les forêts nationales comme l’avenir de l’humanité, les considérant comme une richesse précieuse pour leur bois et leur capacité à stocker le carbone.
Selon de nombreux analystes politiques, comme Pierre Marie MBimbida, secrétaire général de l’organisation “Jeunesse A’venir”, le discours du président Denis Sassou Nguesso est porteur d’espoir et d’encouragement pour la jeunesse. Cependant “ce discours reste creux comme de nombreux autres prononcés jusqu’ici car il n’est pas accompagné par les moyens sociaux et économiques solides, qui permettront à cette jeunesse de rendre concret ce désir profond qu’ils portent; celui de se voir un avenir en République de Congo” a t-il ajouté
Après 70 ans d’esclavage, le “Congo Brazzaville” avait amorcé en 1960, avec le soutient des pères fondateurs une traversé du pays vers une destinée patriotique plus grande. Aujourd’hui 64 ans après, les congolais sont toujours à se demander malgré quelques avancées majeures si ce rêve jadis porté par les fondateurs sera finalement atteint.
