Le décès de Michel Boyibanda, surnommé « Vieux Bobo », laisse un vide immense dans l’univers de la rumba congolaise, genre musical qu’il a marqué de son empreinte inaltérable. Décédé le 9 octobre à Brazzaville à l’âge de 81 ans, Boyibanda aura traversé des décennies en incarnant l’authenticité et la profondeur d’une musique inscrite au patrimoine culturel de l’humanité. Malgré une carrière parsemée de gloire, son dernier combat contre la maladie s’est fait dans l’ombre, presque oublié de tous, sauf des mélomanes pour qui ses œuvres résonnent encore.
Le Parcours d’un Pionnier de la Rumba
Michel Boyibanda débute relativement tôt dans la musique, se distinguant dès 18 ans comme une étoile montante. En 1958, il fonde l’orchestre Negro Band aux côtés de Franklin Boukaka et Jean Mukuna. Son talent rayonne, et il est rapidement recruté par des formations légendaires comme Les Bantous de la Capitale et l’OK Jazz de Luambo Makiadi, deux orchestres qui ont forgé la renommée de la rumba congolaise. Son passage à l’OK Jazz de 1964 à 1968, puis à nouveau de 1969 à 1977, constitue une période phare de sa carrière, durant laquelle il compose et interprète des classiques intemporels.
Le maréchal Mobutu Sese Seko, fervent amateur de rumba, comptait parmi les admirateurs de Boyibanda. Sa chanson « Nzete esolola na moto te » était l’une des préférées du chef d’État, symbolisant l’impact de Boyibanda bien au-delà du monde musical.
Des Chefs-d’œuvre Inoubliables
Les chansons de Boyibanda restent gravées dans les mémoires. Des titres tels que « Bolingo na kozonga », « Miso na nzela », « Diallo », et « Nzete esolola na moto te » ont traversé le temps, empreints d’une richesse mélodique et de messages poignants. Son style alliait élégance vocale et profondeur des textes, puisant son inspiration dans les réalités sociales, les amours égarés et les conseils de vie.
Son passage au sein des « Trois Frères », orchestre cofondé avec Youlou Mabiala et Loko Massengo, et la création de l’orchestre Ebuka Système, ont renforcé son statut de pilier de la musique congolaise.
Une Fin de Vie Marquée par l’Oubli
Malgré son immense contribution, les dernières années de la vie de Michel Boyibanda furent marquées par la solitude et la maladie. Victime d’un AVC en 2015, il avait lancé de nombreux appels à l’aide qui, malheureusement, sont restés en grande partie sans réponse. L’homme qui avait fait danser des générations se battait désormais contre une maladie impitoyable, loin des projecteurs.
L’Héritage d’un Grand Musicien
Michel Boyibanda s’est éteint, mais ses chansons, elles, résonneront à jamais. Elles témoignent de l’âge d’or de la rumba congolaise et rappellent le rôle prépondérant qu’il a joué dans l’exportation de cette musique au-delà des frontières africaines. Son talent d’auteur-compositeur et de chanteur fait de lui l’un des derniers géants d’une époque où la musique parlait directement au cœur des peuples.
Le « Vieux Bobo » s’en est allé, mais ses œuvres continueront de bercer les âmes et d’inspirer de nouvelles générations. Une page de l’histoire musicale congolaise se tourne, mais son héritage demeurera intemporel.