CÔTE D’IVOIRE : LE CACAO REVIENT EN FORCE

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La Côte d’Ivoire, leader mondial du cacao avec 40 % de la production globale, semble avoir retrouvé un rythme d’exportation solide après une période de stagnation. Entre octobre 2024 et février 2025, les arrivées de cacao dans les ports d’Abidjan et de San Pedro ont bondi à 1,32 million de tonnes, marquant une hausse impressionnante de 21 % par rapport à l’année précédente. Comment expliquer ce retour en force alors que les prévisions étaient moroses il y a quelques mois ?

Vers une augmentation effrénée des prix du Cacao dans les ports ivoiriens ? 

La clé de ce succès réside dans une série de mesures vigoureuses prises par les autorités ivoiriennes pour endiguer la rétention illégale de stocks de cacao. Ousmane Attai, consultant dans le secteur, explique que de nombreux acteurs de la filière avaient pris l’habitude de stocker les fèves pour spéculer sur les prix, créant ainsi une rareté artificielle et profitant de surpaiements. Le Conseil Café-Cacao (CCC) a réagi en renforçant les contrôles et en imposant des délais stricts pour l’acheminement des cargaisons vers les ports, limitant ainsi les pratiques spéculatives et la contrebande qui siphonnaient une partie de la production vers le Liberia et la Guinée.

Ces efforts ont été accompagnés de mesures punitives contre les responsables impliqués dans ces circuits illégaux. En janvier 2025, plusieurs hauts fonctionnaires de la ville de Sipilou, à la frontière guinéenne, ont été suspendus pour collusion avec des contrebandiers. Cette opération a mis un coup de frein aux réseaux clandestins et dissuadé d’autres acteurs malveillants, contribuant ainsi à la hausse des volumes de cacao acheminés vers les ports.

Cependant, cette reprise dans les exportations masque une autre inquiétude : la prochaine récolte intermédiaire, prévue pour avril 2025, pourrait être compromise par une absence de pluies dans les zones de production. Avec une baisse attendue de la production totale à 1,9 million de tonnes, contre des prévisions initiales de 2,1 à 2,2 millions de tonnes, la Côte d’Ivoire reste sur la défensive face aux défis climatiques à venir.

Ainsi, si l’abondance actuelle du cacao dans les ports reflète une victoire temporaire contre la fraude et la spéculation, elle ne garantit pas pour autant une saison prospère à long terme.

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