CÔTE D’IVOIRE : SYSTÈME ÉDUCATIF SOUS PRESSION

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La tension monte dans le secteur éducatif ivoirien. À quelques semaines des examens scolaires, les écoles privées laïques menacent de boycotter les compositions nationales. En cause, une dette colossale de l’État estimée à près de 90 milliards de francs CFA. Une situation qui plonge le système éducatif dans une crise profonde et multiforme.

Le privé laïc brandit la carte du retrait des examens nationaux.

Depuis plusieurs années, l’État ivoirien affecte un grand nombre d’élèves dans les établissements privés à travers le pays. Ce partenariat, qui devait à l’origine soulager la pression sur les écoles publiques, est devenu un fardeau pour les établissements privés. Les arriérés de paiement s’accumulent, créant une spirale d’endettement et d’instabilité pour les fondateurs et le personnel enseignant.

Les conséquences de ces impayés sont nombreuses. D’abord sur le plan humain : les enseignants travaillent parfois pendant des mois sans être rémunérés, minant leur motivation et leur engagement. Plusieurs établissements ne parviennent plus à honorer leurs charges fixes, à payer les fournisseurs ou même à assurer un environnement pédagogique adéquat. Les infrastructures se dégradent, le matériel manque, et la qualité de l’enseignement en pâtit.

À cela s’ajoute une complexité administrative grandissante. Le système de gestion numérique des élèves affectés, mis en place pour moderniser les processus, a au contraire ralenti les procédures de validation et de paiement. Le retard dans les décisions de prise en charge rend désormais impossible l’obtention d’avances auprès des banques. Les établissements se retrouvent isolés, privés de solutions de financement intermédiaire.

Cette situation compromet directement la tenue des examens de fin d’année. Les écoles, étranglées financièrement, ne disposent plus des moyens logistiques et humains nécessaires pour accompagner efficacement les élèves jusqu’à la fin du cycle. L’idée d’un boycott n’est donc plus une simple menace : elle devient un levier de pression ultime pour attirer l’attention de l’État sur une situation qui dure depuis trop longtemps.

Sans règlement, les salles d’examen resteront vides.

Paradoxalement, alors même que les établissements privés sont en détresse, ils continuent de subir une pression fiscale forte. La CNPS et les services des impôts exigent le paiement régulier des cotisations et des taxes, sous peine de sanctions sévères pouvant aller jusqu’à la fermeture des établissements. Une contradiction lourde de conséquences pour des structures déjà à genoux.

Le boycott annoncé, s’il se concrétise, pourrait affecter des centaines de milliers d’élèves. Dans un pays où plus de 60 % des enfants sont inscrits dans le privé, la menace ne touche pas seulement une catégorie d’acteurs éducatifs, mais toute la chaîne scolaire nationale. Elle met en péril la continuité pédagogique, la stabilité du système éducatif et l’avenir de milliers de jeunes.

Face à l’urgence, les écoles privées laïques appellent à un règlement immédiat des dettes de l’année scolaire 2023-2024, et réclament des engagements fermes pour l’année en cours. Sans réponse concrète, la désobéissance scolaire pourrait bien devenir le symbole d’un système à bout de souffle, abandonné à lui-même dans un pays pourtant en quête de développement.

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