CÔTE D’IVOIRE : THIAM QUITTE LE PDCI

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Coup de théâtre sur la scène politique ivoirienne. Tidjane Thiam, ancien banquier et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a annoncé lundi 12 mai sa démission surprise à la tête du principal parti d’opposition. Dans une vidéo de cinq minutes diffusée depuis Paris, il dénonce un « harcèlement judiciaire » et remet son mandat « entre les mains des militants », tout en se disant prêt à « conduire personnellement le parti à la victoire ».

Un contexte judiciaire tendu

Déclaré inéligible à l’élection présidentielle d’octobre 2025, Tidjane Thiam fait face depuis plusieurs mois à une offensive judiciaire centrée sur sa nationalité. Français de 1987 à mars 2025, il a été radié des listes électorales fin avril, la justice ivoirienne invoquant l’article 48 du code de la nationalité, qui stipule qu’une nationalité étrangère acquise volontairement entraîne la perte de la nationalité ivoirienne.

Résultat : son inscription sur les listes électorales en 2022 est jugée invalide, l’excluant de facto de la course présidentielle. En parallèle, une militante du PDCI conteste son élection à la tête du parti en décembre 2023, arguant qu’il n’était pas ivoirien au moment du vote. Une audience est prévue ce jeudi.

Démission stratégique

Depuis son départ du pays en mars, Thiam reste combatif. « Après m’avoir élu en 2023, vous m’accorderez de nouveau votre confiance », a-t-il lancé dans son allocution, laissant entendre qu’il pourrait briguer à nouveau la présidence du PDCI dès le congrès extraordinaire prévu ce mercredi. Le bureau politique du parti a confirmé que « l’appel à candidatures est ouvert à tous ».

Entre-temps, Tidjane Thiam a officiellement renoncé à la nationalité française, redevenant pleinement ivoirien selon les autorités, ce qui pourrait lever les obstacles liés à sa nationalité au sein du parti.

Une présidentielle sous tension

Si Thiam peut espérer reprendre la tête du PDCI, son retour dans la course présidentielle reste incertain. La radiation des listes électorales le rend inéligible, et aucune révision de ces listes n’est prévue avant le scrutin du 25 octobre. Une situation qui alimente les critiques sur le caractère inclusif du processus électoral.« Ils ont coupé l’herbe sous le pied de la justice. Thiam est parti pour mieux revenir », analyse Geoffroy Kouao, politologue. Mais pour l’instant, « il lui sera difficile d’être candidat à la présidentielle ».Le climat politique est tendu.

Trois autres figures majeures de l’opposition – Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro – sont également exclues de la liste électorale en raison de condamnations judiciaires.

Soutien populaire et mobilisation

Malgré les revers, Tidjane Thiam bénéficie toujours d’un large soutien. Lundi, plusieurs centaines de militants se sont rassemblés devant le siège du parti, brandissant des pancartes telles que « Touche pas à mon droit de vote » ou « L’intimidation ne passera pas ». « Thiam a fait le bon choix, il n’aura plus de problème avec la justice en tant que président du parti », estime Cynthia Koua, militante du PDCI.Le chef des députés du parti, Simon Doho, l’assure : « Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre ce combat ».

Une présidentielle à l’épreuve de la démocratie

Alors que le président sortant Alassane Ouattara, 83 ans, ne s’est pas encore prononcé sur sa candidature, l’opposition dénonce une stratégie d’exclusion systématique. « La radiation injustifiée du candidat du PDCI s’inscrit dans une logique d’élimination des leaders des principaux partis pour garantir une victoire certaine », a déclaré Thiam. Les autorités, de leur côté, continuent d’affirmer que la justice agit de manière indépendante.

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