Originaire de Koutaba, dans la région de l’Ouest du Cameroun, Cyrielle Raingou semblait suivre une trajectoire toute tracée vers une carrière d’avocate. Après avoir terminé ses études en droit à Yaoundé, elle se préparait à atteindre les objectifs que sa famille avait placés en elle.
Cyrielle Raingou, auteur du documentaire camerounais « Le spectre de Boko Haram », participe au Festival international de films de femmes de Créteil.
Cependant, la découverte du monde du cinéma lors de son emploi dans une société de production modifie radicalement son avenir. En travaillant sur des contrats d’auteurs, elle se passionne pour ce milieu et décide, malgré les objections de ses proches, de changer de cap et de reprendre des études pour se lancer dans le cinéma.
En 2016, Cyrielle Raingou lance son premier documentaire, Le spectre de Boko Haram, qui plonge le spectateur dans la réalité troublante du Grand Nord camerounais, dévasté par le terrorisme. Ce travail audacieux lui permet de décrocher 16 prix internationaux, dont le prestigieux Tigre d’or au Festival du Film de Rotterdam en 2023. Raingou, évoquant son projet, exprime la force de sa motivation : « Mon désir était immense, celui de partager les histoires des personnes que j’avais appris à connaître. » La reconnaissance de son film au festival Vision du Réel en Suisse a dépassé ses espérances initiales, confirmant son rêve.
Pour Raingou, le cinéma est une voie vers la réinvention personnelle et collective. « Derrière ma caméra, je découvre un monde différent », déclare-t-elle. Ses films sont une exploration de l’Afrique dans toute sa complexité et sa richesse. Elle s’efforce de montrer la diversité et les multiples facettes de la vie sur le continent : « L’Afrique est pleine de nuances, avec des versions multiples de la réalité. »
Selon nos confrères de Radio France International, son premier long métrage, Pour toi je reviendrai, se déroule dans le même univers que Le spectre de Boko Haram, mais cette fois à travers le regard des femmes. Raingou considère cette fiction comme une extension naturelle de son travail précédent, affirmant son engagement à présenter des récits africains diversifiés.
Cyrielle Raingou encourage les jeunes cinéastes africaines à faire entendre leur voix : « Il est crucial que leurs perspectives soient partagées pour mieux raconter nos histoires et réalités. » Son parcours exemplaire illustre le potentiel de transformation à travers l’art et la manière dont elle contribue à mettre en lumière les défis et les beautés de son continent.