Plus de 800 millions d’adultes dans le monde sont actuellement atteints de diabète d’après une étude alarmante publiée dans la revue The Lancet à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la maladie, célébrée le 14 Novembre dernier. Ce chiffre, quatre fois supérieur à celui de 1990, met en évidence une augmentation fulgurante de la prévalence de cette maladie au cours des trois dernières décennies. L’analyse, menée par la NCD Risk Factor Collaboration (NCD-RisC) et soutenue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), pointe du doigt l’urgence de mettre en œuvre des actions globales pour freiner cette épidémie.
Diabète : près de 800 millions de personnes atteintes dans le monde
Une progression inquiétante du diabète
Selon l’étude, la prévalence mondiale du diabète chez les adultes est passée de 7 % en 1990 à 14 % en 2022. Le phénomène est particulièrement préoccupant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les taux ont connu une hausse spectaculaire. En parallèle, l’accès aux traitements reste limité dans ces régions, exacerbant les inégalités de santé. En 2022, près de 450 millions d’adultes diabétiques âgés de 30 ans ou plus ne bénéficiaient d’aucun traitement, soit une augmentation de 3,5 fois par rapport à 1990. Parmi ces personnes non traitées, 90 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a exprimé sa préoccupation face à cette situation : « Nous constatons depuis 30 ans une augmentation alarmante du nombre de cas de diabète, due à l’augmentation de l’obésité, à la commercialisation d’aliments malsains, au manque d’activité physique et aux difficultés économiques. Les pays doivent agir de toute urgence pour instaurer des politiques favorables à une alimentation saine et à l’activité physique, et veiller à ce que les systèmes de santé soient capables de prévenir, détecter et traiter efficacement le diabète. »
Des inégalités flagrantes dans l’accès aux soins
L’étude souligne également les disparités régionales en matière de prévalence et de traitement du diabète. Les taux les plus élevés sont observés dans les régions de l’Asie du Sud-Est et de la Méditerranée orientale, où environ 20 % des adultes sont atteints de diabète. Cependant, les taux de couverture des traitements y sont parmi les plus faibles, avec moins de 40 % des patients recevant des médicaments hypoglycémiants. La situation est similaire en Afrique, où les systèmes de santé peinent à répondre à la demande croissante de soins liés au diabète.
Face à cette crise sanitaire, l’OMS a lancé un nouveau cadre mondial de surveillance du diabète. Ce dispositif vise à aider les pays à évaluer et à améliorer la prévention et la prise en charge du diabète en suivant des indicateurs clés tels que la maîtrise de la glycémie, l’hypertension et l’accès aux médicaments essentiels. Ce cadre devrait permettre une allocation plus efficace des ressources et une amélioration des interventions ciblées.
En 2021, l’OMS a introduit le Pacte mondial contre le diabète, une initiative destinée à réduire le risque de diabète et à garantir un accès équitable aux soins pour toutes les personnes diagnostiquées. Ce pacte met particulièrement l’accent sur la prévention du diabète de type 2, souvent associé à l’obésité, à une mauvaise alimentation et à un manque d’activité physique. Dans la même année, une résolution adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé a exhorté les États membres à accorder une priorité accrue à la lutte contre le diabète et ses facteurs de risque, notamment l’obésité.
L’OMS a également défini cinq cibles mondiales de couverture pour le diabète à atteindre d’ici 2030, dont l’objectif ambitieux de garantir que 80 % des personnes diagnostiquées contrôlent efficacement leur glycémie. Ces efforts sont essentiels pour combler le fossé croissant dans l’accès aux soins et améliorer la qualité de vie des millions de personnes affectées par cette maladie.
L’urgence de la situation est claire : sans une action collective et coordonnée, la charge du diabète continuera de croître, aggravant les inégalités de santé et compromettant les progrès en matière de santé publique dans de nombreuses régions du monde.