Le 19 octobre 2024, le rideau s’est levé sur la 28e édition du Festival de cinéma Écrans Noirs au Palais des congrès de Yaoundé, Cameroun. Cet événement, devenu incontournable pour les cinéastes africains, se distingue cette année par un thème aussi ambitieux qu’innovant : « Intelligence artificielle et cinéma africain ». Sous la présidence du ministre des Arts et de la Culture, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, et avec la présence des figures majeures du 7e art africain, cette édition promet d’explorer des horizons inédits.
L’intelligence artificielle : Nouveau moteur du cinéma africain ?
Dans un monde où la technologie redéfinit tous les aspects de la création, le cinéma africain fait face à une double opportunité et un défi. Bassek Ba Kobhio, délégué général du festival, n’a pas manqué de souligner l’importance de l’intelligence artificielle (IA) dans cette nouvelle ère. « L’IA peut révolutionner la manière dont les histoires sont racontées, montées et distribuées, mais elle doit être utilisée avec précaution pour préserver l’authenticité des récits africains » a-t-il déclaré lors de la cérémonie d’ouverture.
Le thème de cette année s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’avenir du cinéma africain face à l’évolution rapide de la technologie. De la production à la postproduction, l’intelligence artificielle offre des outils puissants pour optimiser le processus créatif. Cependant, il est essentiel de veiller à ce que ces nouvelles technologies ne dénaturent pas l’essence même des histoires africaines, souvent ancrées dans des traditions orales et des récits humanisés.
Promouvoir le cinéma africain à travers la formation et l’éducation
Outre l’exploration des enjeux technologiques, le festival Écrans Noirs reste fidèle à ses valeurs fondatrices : éduquer, former et promouvoir le cinéma africain. Depuis sa création en 1997, ce rendez-vous panafricain s’est attaché à renforcer les capacités des jeunes cinéastes du continent. Cette année encore, des ateliers et des masterclass seront organisés pour initier les participants aux nouvelles techniques de narration et de production.
Ces formations revêtent une importance particulière à l’heure où l’industrie cinématographique africaine peine encore à rivaliser avec les grands centres de production mondiaux. La technologie, bien maîtrisée, pourrait offrir aux créateurs africains de nouvelles possibilités de financement, de production rapide et de diffusion élargie à travers des plateformes numériques, tout en conservant une identité culturelle forte.
Des projections et des compétitions pour célébrer l’art du cinéma
Durant toute la semaine, le public de Yaoundé et les invités venus de toute l’Afrique pourront assister à des projections de films inédits. Des œuvres venues de différentes régions du continent seront présentées, couvrant une multitude de genres, du documentaire à la fiction, en passant par des films expérimentaux et d’animation.
Le point culminant de cette édition reste la compétition officielle, où des réalisateurs talentueux se disputeront des prix prestigieux, notamment celui du meilleur film. Avec l’intelligence artificielle au cœur du débat, il est probable que certaines œuvres se démarqueront par l’utilisation novatrice de ces technologies dans leur réalisation.
Écrans Noirs : Un festival panafricain au cœur de l’innovation
Au-delà de son aspect festif, Écrans Noirs reste une plateforme cruciale pour la promotion des industries cinématographiques africaines. Dans un contexte où les créateurs cherchent de nouveaux moyens d’expression et de financement, le festival joue un rôle de catalyseur pour l’émergence d’un cinéma authentiquement africain, qui n’oublie pas ses racines malgré l’évolution technologique. Les visites découvertes et les animations programmées cette année viendront enrichir l’expérience des festivaliers, en leur offrant un aperçu de la diversité et du dynamisme du cinéma africain.
En somme, l’édition 2024 d’Écrans Noirs est une véritable passerelle entre tradition et innovation, un carrefour où l’âme africaine rencontre les outils du futur. Alors que les projecteurs sont braqués sur les cinéastes africains, c’est aussi l’opportunité pour l’industrie continentale de se réinventer, en explorant des formes nouvelles de création tout en restant fidèle à ses racines profondes.
