Jimmy Carter, 39e président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix, est décédé dimanche 29 décembre 2024 à son domicile de Plains, en Géorgie. À l’âge de 100 ans, il laisse derrière lui une vie marquée par une carrière politique controversée et un demi-siècle d’engagement humanitaire exemplaire.
Cet homme d’État, souvent qualifié de «grand humaniste», restera dans les mémoires pour ses efforts inlassables en faveur de la paix et des droits humains, mais aussi pour une présidence marquée par des défis politiques et économiques majeurs.
Né le 1er octobre 1924 à Plains en Géorgie, dans une famille d’agriculteurs baptistes, James Earl Carter Jr., dit Jimmy Carter, a grandi dans la simplicité et la foi chrétienne, valeurs qui ont profondément marqué son parcours. Après avoir servi dans la marine et excellé dans l’ingénierie nucléaire, il a quitté son uniforme pour reprendre la ferme familiale à la mort de son père. En Géorgie, il a entamé une carrière politique locale, devenant sénateur d’État, puis gouverneur, avant de viser la présidence.
Candidat outsider à la présidentielle de 1976, il a su capter l’attention d’un électorat américain désabusé par le scandale du Watergate et la démission de Richard Nixon. «Jimmy Carter était un homme honnête, élu à une époque de défiance envers Washington», résume le New York Times. Son humilité, son discours centré sur l’intégrité et son image de «producteur de cacahuètes» ont convaincu une nation en quête de renouveau. Il a remporté l’élection face au président sortant Gerald Ford, devenant le premier sudiste à diriger les États-Unis depuis la guerre de Sécession.
UNE PRÉSIDENCE CRITIQUÉE ET INCOMPRISE
Entre 1977 et 1981, Carter a dû affronter une série de crises nationales et internationales qui ont profondément marqué son mandat. L’économie américaine était en difficulté, frappée par l’inflation et les pénuries d’énergie. Sur le plan international, la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, consécutive à la révolution iranienne, a durablement érodé sa popularité. Bien qu’il ait négocié la libération des otages, celle-ci n’est survenue qu’après son départ de la Maison-Blanche, éclipsant ses efforts diplomatiques.
Pourtant, sa présidence n’a pas été dénuée de succès. Les accords de Camp David, signés en 1978 entre Israël et l’Égypte, restent un jalon historique dans la quête de paix au Moyen-Orient. Il a également œuvré à la normalisation des relations avec la Chine et au transfert du contrôle du canal de Panama. Cependant, comme le souligne El País, «son programme progressiste axé sur les droits de l’homme, l’écologie et le contrôle des armes a été incompris dans une Amérique en proie à des turbulences économiques et géopolitiques».
UN ENGAGEMENT HUMANITAIRE EXEMPLAIRE
Après avoir perdu l’élection présidentielle de 1980 face à Ronald Reagan, Jimmy Carter s’est éloigné de la politique partisane pour se consacrer à des causes humanitaires. En 1982, il a fondé le Carter Center, une organisation dédiée à la promotion de la démocratie, à la résolution des conflits et à la lutte contre les maladies. Pendant plus de 40 ans, il a parcouru le monde, supervisé des élections, soutenu des projets de développement et participé activement à la lutte contre la pauvreté et les injustices.
Ses efforts lui ont valu le prix Nobel de la paix en 2002, en reconnaissance de «décennies d’efforts infatigables pour résoudre pacifiquement des conflits internationaux». Le New York Times le décrit comme «l’un des plus grands ex-présidents de l’histoire américaine», une figure morale respectée bien au-delà des frontières des États-Unis.
UN HOMME DE FOI ET D’HUMILITÉ
La foi chrétienne de Jimmy Carter a été le socle de sa vie et de son engagement. Jusqu’à un âge avancé, il enseignait à l’école du dimanche dans son église baptiste de Plains. Cette simplicité et cette dévotion ont marqué son rapport à la politique et à la société, contrastant avec le cynisme souvent associé à la vie publique.
Joe Biden a salué un «artisan de la paix et défenseur infatigable des droits humains». Barack Obama a souligné son «engagement sans relâche pour un monde meilleur». Même ses opposants politiques, comme George W. Bush, ont reconnu en lui «un homme d’une grande intégrité».
Jimmy Carter laisse derrière lui un héritage complexe. Si sa présidence reste parmi les plus controversées, son engagement post-présidentiel aurait redéfini le rôle des anciens chefs d’État, inspirant des générations à œuvrer pour un monde meilleur. «Avec son décès, les États-Unis perdent une figure qui incarne l’altruisme, l’intégrité et l’espoir d’un avenir plus juste», conclut La República.