La Fédération camerounaise de football (Fécafoot) fait de nouveau parler d’elle, cette fois avec une série de réformes controversées qui semblent sur-mesure pour renforcer la position de Samuel Eto’o.
Le 16 novembre 2024, lors de l’Assemblée générale tenue à Mbankomo, de nouveaux textes ont été adoptés, suscitant des interrogations sur la gouvernance de l’institution. Si certains applaudissent des ajustements modernisateurs, d’autres y voient des manœuvres politiques destinées à garantir la longévité de l’actuel président, Samuel Eto’o, à la tête de la Fécafoot.
Des réformes au timing stratégique
À un an de la fin du premier mandat d’Eto’o, les changements opérés dans les statuts de la Fécafoot arrivent à point nommé. La mesure la plus discutée ? L’allongement du nombre de mandats présidentiels, passant de deux à trois. Désormais, un président pourrait régner pendant 12 ans, un laps de temps conséquent pour marquer de son empreinte l’histoire de l’institution. Ce changement apparaît pour beaucoup comme une manière subtile de permettre à Eto’o de rester plus longtemps en poste, au-delà de ce que les observateurs avaient imaginé lors de son élection en 2021.
Des critères d’éligibilité controversés
Une autre réforme majeure concerne l’assouplissement des critères d’éligibilité aux postes électifs. Alors que l’intégrité des candidats est souvent au centre des discussions, les nouveaux statuts élargissent le champ d’accès. Dorénavant, seules des condamnations « définitives avec détention » peuvent disqualifier un candidat. Autrement dit, même des personnalités ayant eu des démêlés judiciaires, tant qu’elles n’ont pas été condamnées de manière ferme et définitive, peuvent prétendre à un poste. Ce changement n’a pas manqué d’attirer l’attention, alimentant des spéculations sur les motivations réelles derrière ces amendements.
Eto’o, en route vers une consolidation de pouvoir ?
Depuis son arrivée à la présidence, Samuel Eto’o a clairement affiché son ambition de réformer en profondeur le football camerounais. Il a multiplié les initiatives, avec des résultats mitigés. Si certains lui reconnaissent un réel engagement pour le développement du football local, d’autres estiment qu’il cherche à s’assurer une mainmise sur l’institution. Ces nouvelles règles, qui lui permettent de se représenter pour un troisième mandat, s’inscrivent dans cette dynamique, au risque de faire passer au second plan la question de la transparence et de la bonne gouvernance.
Une gouvernance sous surveillance
La révision des statuts de la Fécafoot soulève également des questions plus larges sur la conformité avec les standards internationaux. Les fédérations sportives, notamment celles affiliées à la FIFA, sont souvent tenues de respecter des principes de transparence et de limitation des mandats pour éviter toute dérive autocratique. La Fécafoot, en modifiant ses règles internes à ce point, pourrait se retrouver dans le collimateur de l’opinion internationale, d’autant plus que Samuel Eto’o, en tant que figure publique de renom, attire l’attention bien au-delà des frontières du Cameroun.
Un pari risqué pour l’avenir du football camerounais
Avec ces nouvelles réformes, l’avenir du football camerounais s’annonce incertain. Si Eto’o parvient à rester en poste, il devra prouver que ses ambitions pour la Fécafoot vont au-delà de la simple conservation du pouvoir. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si ces ajustements sont véritablement destinés à dynamiser le football camerounais ou s’ils ne servent qu’à pérenniser une présidence de plus en plus controversée.
Le temps dira si ces réformes marquent le début d’une nouvelle ère pour le football au Cameroun ou si elles renforcent une culture de pouvoir personnel, potentiellement préjudiciable au développement du sport national.