L’influence de Samuel Eto’o sur le football camerounais est indéniable. Figure charismatique et légendaire des Lions Indomptables, aujourd’hui président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), il n’a jamais laissé place à la neutralité. Mais cette fois, l’icône du football africain se retrouve dans la tourmente, sanctionnée par la FIFA. Ce lundi 30 septembre, l’instance mondiale du football a frappé fort, suspendant Eto’o de toute participation aux matchs des équipes nationales camerounaises pour une durée de six mois. En cause : son comportement jugé contraire aux principes du fair-play lors du Mondial-U20 féminin en Colombie.
Le 11 septembre dernier, lors d’un huitième de finale entre le Brésil et le Cameroun, Samuel Eto’o n’a pas caché son mécontentement suite à une décision arbitrale. Le penalty accordé aux Brésiliennes, qui a mené à leur égalisation, a provoqué une vive réaction de sa part. Selon des témoins, Eto’o aurait exercé une pression notable sur les officiels, contesté les décisions sur le terrain et agit d’une manière jugée contraire aux standards de la FIFA. Cette attitude, qui a terni l’image d’équité que prône l’instance, lui vaut aujourd’hui une suspension de six mois.
Ironiquement, cette sanction tombe dans un contexte où l’ancien capitaine emblématique du Cameroun tente de renforcer son influence au sein du football camerounais. La FIFA a précisé que cette suspension n’affectera en rien son rôle de président de la Fecafoot. Pourtant, être interdit d’assister aux matchs des sélections nationales représente un coup dur pour un homme dont la présence symbolise l’engagement total envers son pays.
Ce n’est pas la première fois qu’Eto’o est dans le viseur des instances sportives. Plus tôt cette année, en juillet 2024, la Confédération africaine de football (CAF) l’avait condamné à une amende de 200 000 dollars pour avoir signé un contrat de sponsoring avec une société de paris sportifs, soulevant de nombreuses questions éthiques. Eto’o, toujours combatif, avait fait appel de cette décision, assurant que cette entente ne portait pas atteinte à son intégrité. Malgré cette condamnation, il avait pu maintenir son poste à la Fecafoot et s’était même vu blanchi d’accusations de trucage de matchs en lien avec la montée controversée de Victoria United en première division en 2023.
Cependant, la répétition des polémiques autour de sa gestion commence à alimenter le débat sur la solidité de son leadership. À chaque nouvelle sanction, une partie du public se demande si la légende qu’il fut sur le terrain ne se laisse pas entraîner par des erreurs d’appréciation dans les coulisses.
L’annonce de cette suspension arrive à un moment où Samuel Eto’o semblait vouloir apaiser les tensions sur le front interne. Après plusieurs mois de conflits ouverts avec le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, les deux hommes avaient offert un spectacle de complicité inattendu ce 29 septembre, lors de la finale de la Coupe du Cameroun. Main dans la main, sourires éclatants, les images de leur réconciliation apparente avaient fait le tour des médias camerounais, nourrissant l’espoir d’un retour à une gestion unie du football national.
Mais la réalité des coulisses est plus complexe. Le lendemain, Eto’o présidait une réunion stratégique à Douala pour préparer le match Cameroun-Kenya, comptant pour les éliminatoires de la CAN 2025. L’absence notable du ministre des Sports et de l’Office national des infrastructures sportives à cette réunion montre que la fracture entre les deux hommes, si elle semble apaisée en public, persiste en privé.
En tant que président de la Fecafoot, il continue de mener des réformes, cherchant à propulser le football camerounais au rang des meilleures nations africaines. Cependant, cette suspension de la FIFA le met face à une réalité : son comportement, scruté au microscope par les instances internationales, devra s’adapter aux exigences de neutralité et de discipline qu’impose son poste.
À l’aube de cette suspension, une question reste en suspens : comment Eto’o va-t-il gérer cette période loin des terrains, lui qui est habitué à être au centre de l’attention ? S’il continue à piloter les affaires de la Fecafoot, son absence physique lors des matchs pourrait laisser un vide symbolique, tandis que le regard du monde du football reste rivé sur ses prochaines actions.
En attendant, le football camerounais continue de vivre au rythme de son patron, qui, malgré tout, semble indéboulonnable.