Au lendemain de la cérémonie d’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema à la tête de l’État gabonais, le Premier ministre Raymond Ndong Sima a présenté sa démission, ainsi que celle de son gouvernement. Dans un geste empreint de courtoisie républicaine, il a adressé ses « vœux chaleureux de réussite » au nouveau président, désormais officiellement installé à la tête de la Ve République gabonaise.

Ce départ intervient alors qu’un changement institutionnel majeur entre en vigueur : la nouvelle Constitution supprime le poste de Premier ministre, conférant l’ensemble du pouvoir exécutif au chef de l’État. Un vice-président du gouvernement, directement rattaché au président, devra néanmoins être nommé. Ce poste stratégique exigera à la fois un fort ancrage politique et une expertise administrative, dans un contexte où plusieurs réformes sont attendues, notamment sur le découpage électoral et les partis politiques. Une concertation est d’ailleurs prévue pour le 7 mai, en préparation des élections législatives prévues pour les 27 septembre et 11 octobre. Les élections locales sont prevues aux mêmes dates que les législatives et les élections sénatoriales : à une date ultérieure, après les scrutins locaux et législatifs. La fin officielle de la transition est quant à elle prévue le 23 décembre 2025, avec la prestation de serment de la nouvelle Cour constitutionnelle.

Le nouveau chef de l’État devra composer une équipe en tenant compte des divers équilibres politiques : anciens membres du Parti démocratique gabonais (PDG), ex-opposants, jeunes figures loyales à la transition, et membres du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), appelés à retourner dans les rangs militaires.
Un capitaine de la finance pour piloter l’économie gabonaise
Henri-Claude Oyima a été nommé le 5 mai 2025, ministre d’État, ministre de l’Économie et des Finances, de la Dette et des Participations, chargé de la lutte contre la vie chère par le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema. L’homme d’affaires hérite d’un portefeuille qui était jusqu’ici réparti entre deux ministères, à savoir le ministère des Comptes Publics et de la dette tenu par Charles Mba et le ministère de l’Économie et des Participations, dirigé par Mark-Alexandre Doumba. Le premier a passé 20 mois, alors que le second n’a passé que mois sur le fauteuil ministériel.
Âgé de 68 ans, Henri-Claude Oyima est le président Directeur général de BGFI Holding Corporation SA, la maison mère du groupe bancaire panafricain BGFIBank. Il est par ailleurs président de la Fédération des Entreprises du Gabon et président du conseil d’administration de la Bourse des Valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) basé à Douala au Cameroun. Ce briscard est doté d’une expertise approfondie des mécanismes financiers internationaux et une connaissance aiguë des enjeux économiques du Gabon.

Il prend les commandes d’un ministère stratégique au moment où le Gabon en quête de crédibilité et de relance, avec un taux d’endettement qui dépasse le seuil de 70% et où la question de la vie chère se pose avec acuité. Son expérience est considérée comme un atout majeur pour piloter les réformes économiques envisagées par le nouvel exécutif.
Titulaire d’un Bachelor en sciences d’administration et un master en banque à l’Université de Washington, Henri-Claude Oyima semble donc avoir toutes les armes nécessaires pour affronter les défis qui se posent. Il commence sa carrière à Citibank de New York en 1982. En 1983, il entre à la banque Paribas Gabon où il est nommé directeur général adjoint. En juin 1985, il est nommé directeur général puis, en mai 1986, administrateur-directeur général. Il a également par le passé, présidé l’Association professionnelle des établissements de crédit du Gabon (APEC-Gabon), le Club des dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique, et le conseil d’administration du groupe d’assurances Ogar.
Sa nomination au sein du gouvernement est saluée par de nombreux observateurs comme un signal fort en faveur d’une gouvernance économique renforcée et d’une volonté de relancer l’investissement dans le pays.
Retour sur la cérémonie d’ouverture du nouveau président
Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président lors du scrutin du 12 avril avec une victoire écrasante, a prêté serment le samedi 3 mai au stade d’Angondjé, en présence de seize chefs d’État africains. Malgré une coupure d’électricité ayant marqué la cérémonie, celle-ci a été saluée comme historique par de nombreux participants. Dans son premier discours en tant que président de plein exercice, Oligui Nguema a promis de bâtir un « Gabon nouveau », mettant l’accent sur la diversification de l’économie, la lutte contre le chômage des jeunes, la transformation locale des ressources naturelles et la lutte contre les maux tels que la corruption, l’impunité et le laxisme.

Vêtu d’un smoking élégant, il a juré fidélité à la Constitution avant de recevoir les symboles du pouvoir, dont une torche transmise symboliquement à son homologue guinéen, Mamadi Doumbouya, l’exhortant à organiser des élections dans son pays.
Alors que la transition touche à sa fin, les attentes sont grandes. Si de nombreux Gabonais saluent la nouvelle dynamique, d’autres appellent à la vigilance : « Il ne faut pas qu’il nous trahisse en devenant dictateur », confie un habitant de Libreville. Le peuple attend désormais des actes à la hauteur des promesses.