Ce samedi 7 décembre, les Ghanéens se rendent aux urnes pour élire leur président et renouveler leur Parlement. Ce double scrutin, marqué par une profonde crise économique et des tensions sociales, est crucial pour l’avenir de ce pays d’Afrique de l’Ouest souvent salué pour sa stabilité politique.
Un tournant pour le Ghana
Avec près de 18,8 millions d’inscrits sur les listes électorales, ces élections marquent la fin du mandat du président Nana Akufo-Addo, au pouvoir depuis 2017. À 80 ans, il quitte la présidence après avoir dirigé le pays pendant huit ans, laissant derrière lui un Ghana englué dans une crise économique sans précédent.
Les candidats en lice sont 12, mais la bataille se concentre entre deux figures politiques bien connues : Mahamudu Bawumia, actuel vice-président et candidat du parti au pouvoir (NPP), et John Mahama, ancien président (2012-2017) et chef de file du principal parti d’opposition (NDC).
Deux visions pour le Ghana
Mahamudu Bawumia, économiste de 61 ans, défend une stratégie axée sur la numérisation et la modernisation économique. Toutefois, son gouvernement a peiné à enrayer l’inflation galopante et le chômage croissant.
De son côté, John Mahama, 66 ans, promet un retour à la prospérité économique d’avant le mandat de Nana Akufo-Addo. Cependant, son propre passage au pouvoir reste terni par des scandales de corruption et une mauvaise gestion financière.
Participation et rôle des jeunes
La participation électorale sera déterminante. Lors des précédents scrutins, elle oscillait entre 69 % (2016) et 79 % (2020). Avec une population majoritairement jeune (56 % ont moins de 25 ans), les électeurs de 18 à 25 ans pourraient jouer un rôle clé. Selon les dernières études, 80 % de cette tranche d’âge comptent voter, un chiffre encourageant malgré le désenchantement envers les principaux partis.
Une économie fragilisée
Le Ghana, malgré ses ressources naturelles abondantes (cacao, or, pétrole), fait face à des défis économiques majeurs. L’inflation reste élevée, à 22 % en 2024, après avoir atteint 54 % l’année précédente. Le chômage frappe plus de 14 % de la population active, et les jeunes sont particulièrement touchés (près de 29 %).
Le soutien du Fonds monétaire international (FMI), avec un prêt de 3 milliards de dollars, offre un espoir modéré, bien que la reprise économique semble encore lointaine.
Enjeux sociaux et environnementaux
Outre les préoccupations économiques, les questions sociales et environnementales alimentent le mécontentement. La pollution des eaux due à l’orpaillage illégal, le « galamsey », reste un sujet brûlant. Les jeunes, soutenus par des mouvements tels que #FixTheCountry, réclament plus de justice sociale et une meilleure gouvernance, mais ces revendications sont souvent ignorées par les élites politiques.
Verdict attendu
Les bureaux de vote sont ouverts de 07h00 à 17h00 GMT, et les premiers résultats provisoires sont attendus dès samedi soir pour les législatives. Le verdict final sur la présidentielle pourrait être annoncé mardi. Quelle que soit l’issue, ces élections représentent un test pour la démocratie ghanéenne et une opportunité cruciale de redéfinir l’avenir du pays.