Depuis fin 2022, Douala est le théâtre d’une violence urbaine qui s’intensifie, portée par un phénomène troublant : les « microbes ». Ce nom, attribué à des bandes de jeunes armés de machettes et de couteaux, reflète leur mode opératoire rapide et destructeur.
Surgissant soudainement dans les quartiers populaires, ces jeunes délinquants s’attaquent aux passants, les dépouillant de leurs biens. Ce mode d’agression brutal et spontané a rapidement pris de l’ampleur, instaurant un climat de terreur dans la capitale économique camerounaise.
Le 20 septembre 2024, un gang de quinze « microbes » a semé la panique dans plusieurs quartiers de Douala 1er, entraînant la mort d’un civil. En réponse, les forces de l’ordre ont capturé huit assaillants qui sont passés aux aveux, comme l’a révélé le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, lors d’une conférence de presse. Malgré ces arrestations, la question qui demeure est : pourquoi ces jeunes sombrent-ils dans cette spirale de violence ?
L’émergence des « microbes » à Douala ne peut être réduite à une simple question de délinquance. Pour de nombreux analystes, il s’agit d’un symptôme d’un malaise social plus profond. La pauvreté, le chômage, et le manque de perspectives d’avenir créent un terreau fertile pour l’apparition de ces bandes. Dans un contexte où les jeunes se sentent abandonnés par les institutions, ils trouvent dans ces actes violents une forme d’expression désespérée.
Au-delà des arrestations, la véritable réponse à ce phénomène réside dans une prise en charge plus globale des causes profondes : offrir aux jeunes des alternatives, renforcer la présence policière dans les zones sensibles, et restaurer la confiance entre la population et les forces de sécurité. Sans une action concertée et durable, les « microbes » continueront de hanter les rues de Douala, reflétant les fractures d’une société en quête de solutions.
L’enjeu dépasse Douala et s’inscrit dans une problématique plus vaste de gestion des centres urbains en Afrique subsaharienne, où la violence devient un phénomène récurrent. Les « microbes » ne sont donc pas seulement un défi sécuritaire, mais aussi une interrogation sur l’avenir des jeunes dans les grandes villes africaines.