Jean-Marie Le Pen, figure emblématique et controversée de l’extrême droite française, est décédé ce mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans. Cofondateur du Front national (aujourd’hui Rassemblement national), il a profondément marqué le paysage politique français durant plus de cinq décennies. Retour sur un parcours aussi long qu’agitateur.
De la Bretagne aux rangs de l’armée
Né en 1928 à La Trinité-sur-Mer dans une famille de pêcheurs, Le Pen devient pupille de la nation après la mort de son père en mer. Passionné de littérature, il tente, à 16 ans, de rejoindre les Forces françaises de l’Intérieur, avant de s’installer à Paris pour étudier le droit à Assas. À 20 ans, il entame une brève carrière militaire en Indochine et en Algérie, où son rôle dans l’utilisation de la torture demeure sujet à controverse.
Débuts politiques sous l’aile de Poujade
En 1956, à seulement 27 ans, Jean-Marie Le Pen est élu député sous la bannière de l’Union et Fraternité française de Pierre Poujade. Après avoir interrompu son mandat pour participer à la guerre d’Algérie, il se lance dans l’industrie musicale, créant une maison de disques spécialisée dans les marches militaires.
La fondation du Front national
En 1972, Le Pen prend la présidence d’un petit mouvement d’extrême droite, le Front national, qu’il transforme en une force politique majeure. Ses premières campagnes électorales sont modestes, mais sa rhétorique provocatrice et ses dérapages calculés lui assurent une notoriété grandissante. En 1983, les succès électoraux de Dreux marquent le début de l’ancrage local du FN.
Stratégie de la provocation
Connu pour ses déclarations polémiques, il qualifie en 1987 les chambres à gaz de « point de détail » de la Seconde Guerre mondiale. Condamné à plusieurs reprises, il devient maître dans l’art de la provocation tout en dénonçant une diabolisation de sa personne.
Le choc de 2002
Le Pen crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de la présidentielle, où il est largement battu par Jacques Chirac. Cette percée électorale met en lumière la montée des idées nationalistes en France.
Conflits familiaux et exclusion du FN
En 2011, Marine Le Pen succède à son père à la tête du parti, amorçant une stratégie de « dédiabolisation » que Jean-Marie critique. En 2015, il est exclu du FN après de nouvelles déclarations controversées.
Une fin de vie discrète
Malgré son retrait progressif, il conserve une influence symbolique sur l’extrême droite. Très affaibli, il laisse derrière lui un héritage politique complexe, marqué par le succès du RN sous la direction de sa fille, Marine Le Pen.
Jean-Marie Le Pen a marqué la politique française par son style provocateur et sa longévité, tout en restant une figure divisive de l’histoire contemporaine.