Le Maroc continue de redéfinir son approche du cannabis, un secteur clé de son agriculture, en légalisant sa culture et sa commercialisation à des fins médicales, pharmaceutiques, et industrielles. Dans ce cadre, une décision majeure a été prise : le roi MOHAMMED VI a accordé sa grâce à 4 831 producteurs de cannabis, une mesure qui s’inscrit dans la continuité de la légalisation de cette culture en 2021.
Depuis l’adoption de cette loi, le Maroc s’est affirmé comme le principal producteur mondial de cannabis, avec une production annuelle estimée à 35 000 tonnes, soit environ un tiers de la production mondiale. Ces chiffres, issus des données de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), soulignent l’importance du Maroc sur la scène mondiale du cannabis. Toutefois, malgré cette légalisation, une grande partie de la production continue d’être exportée illégalement, notamment vers des pays voisins comme l’Algérie.
La décision de grâce royale, annoncée le 19 août en commémoration de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, vise à réintégrer les producteurs condamnés ou recherchés dans le cadre légal de la nouvelle politique du cannabis. Le ministre de la Justice a souligné que ces individus peuvent désormais se rapprocher de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC) pour obtenir les autorisations nécessaires et régulariser leurs activités.
Depuis le début de l’année, 2 905 autorisations ont été délivrées pour l’exploitation de 2 552 hectares de cannabis, un chiffre en nette augmentation par rapport à l’année précédente où seulement 609 autorisations avaient été accordées pour 286 hectares. Cette expansion rapide reflète les attentes élevées de l’industrie marocaine qui envisage de tirer profit de la demande croissante en Europe, où 21 des 27 pays membres de l’Union européenne ont légalisé l’usage thérapeutique du cannabis. Les prévisions estiment que les revenus d’exportation pourraient atteindre entre 400 et 600 millions d’euros d’ici 2028.
Cette grâce royale marque une nouvelle étape dans la régularisation de la filière du cannabis au Maroc, ouvrant la voie à une intégration complète des producteurs dans l’économie légale et renforçant la position du pays sur le marché mondial du cannabis.