Un climat d’urgence s’installe au sein de l’Église catholique alors que la question du rôle des femmes se fait centrale pour les catholiques à travers le monde, en particulier lors du récent synode qui s’est conclu dimanche. Ce rassemblement de laïcs et d’évêques a permis d’aborder des sujets cruciaux, dont l’avenir des femmes dans l’Église.
Le document final du synode, approuvé par le pape François, affirme que les femmes doivent avoir accès à toutes les opportunités prévues par la loi de l’Église pour occuper des fonctions de direction. Cependant, la possibilité de les ordonner comme diaconesses reste « ouverte » et nécessitera une réflexion approfondie. Cette question sensible continue de diviser, certains y voyant une réforme nécessaire, d’autres une rupture avec la tradition.
Une réforme qui prend son temps
Pour beaucoup, le processus est trop lent. Lors du synode, le conseiller doctrinal du pape a exclu l’idée d’ordonner des femmes diaconesses, puis a manqué une réunion sur le sujet, ce qui a suscité de la frustration parmi les participants. Phyllis Zagano, chercheuse experte en diaconesses, a rappelé que « de nombreuses preuves d’ordinations sacramentelles de femmes comme diaconesses existent dans l’Église jusqu’au XIIe siècle » et que « la question nécessite une décision. »
Le pape François, quant à lui, a récemment été critiqué pour des propos jugés « réducteurs » sur le rôle des femmes dans l’Église. Bien qu’il exclue l’ordination féminine pour la messe et la confession, il laisse la possibilité d’études et de discussions sur les diaconesses. Pour un pape perçu comme réformateur, cette position soulève des attentes.
La hiérarchie masculine sous pression
Le paradoxe est flagrant : les femmes forment la majorité des fidèles, mais les prises de décision restent sous contrôle masculin. L’enseignement catholique continue d’interdire l’ordination des femmes au sacerdoce, et même si François autorise des études, beaucoup attendent des avancées concrètes.
La différence avec les précédents papes est notable. François, 87 ans, semble prêt à écouter les fidèles, un changement majeur dans l’histoire récente de l’Église.
Pour la première fois, François a décidé de ne pas publier de document d’enseignement à la suite des recommandations du synode, leur donnant ainsi une autorité accrue. Un cardinal a confié à CNN qu’il s’agit d’« une révolution silencieuse ».
Dans un effort pour briser le plafond de verre, le pape a nommé des femmes à des postes de haut niveau au Vatican, incluant la co-direction du synode par une religieuse et la nomination de femmes à un comité influent pour la nomination des évêques. Cette année, 54 femmes ont voté au synode, parmi elles Julia Oseka, 23 ans, la plus jeune votante de l’histoire du Vatican.
« Il est urgent de reconnaître que les femmes ont une dignité baptismale égale à celle des hommes », a déclaré Oseka. Si elle avoue parfois ressentir de la frustration, elle estime qu’il est essentiel de maintenir l’unité de l’Église.
Pourtant, les résistances demeurent. Le texte sur les femmes du synode a reçu le plus de votes « contre », 97 en tout. « La coresponsabilité est encore perçue avec crainte dans l’Église catholique », explique Helena Jeppesen-Spuhler, une déléguée suisse.
Les appels à des changements concrets
Pour des organisations comme Women’s Ordination Worldwide, les attentes sont fortes. « Les femmes attendent des réformes qui reconnaissent leur égalité », affirme Kate McElwee, sa directrice exécutive. « Combien de temps devront-elles attendre encore ? »
Cependant, dans une institution qui pense en termes de siècles, chaque étape, même minime, peut représenter une avancée significative. Pour les observateurs extérieurs, le chemin reste long, mais pour beaucoup à l’intérieur de l’Église, les réformes de François ouvrent déjà une voie prometteuse.