Le 24 mars 2020, le monde de la musique perdait l’une de ses figures les plus emblématiques : Manu Dibango. Saxophoniste virtuose, compositeur de génie et véritable ambassadeur de la musique africaine, il a marqué l’histoire avec son style unique, fusionnant le jazz, le funk et les sonorités africaines. Son œuvre transcende les générations et continue d’influencer des artistes du monde entier. Retour sur le parcours exceptionnel de celui que l’on surnommait « Papa Groove ».
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Les débuts d’un génie musical
Emmanuel N’Djoké Dibango naît le 12 décembre 1933 à Douala, au Cameroun, dans une famille protestante. Très tôt, il est initié à la musique grâce au chant choral. En 1949, il quitte son pays natal pour poursuivre ses études en France. C’est là qu’il découvre le jazz et tombe amoureux du saxophone et du piano.Dans les années 1950, il fait ses premières armes dans des orchestres de cabarets à Bruxelles et Paris, où il se forge un style singulier. Il collabore avec de nombreux artistes, dont Joseph Kabasélé, une légende de la rumba congolaise. Cette rencontre sera déterminante, car elle l’immerge dans la musique africaine moderne.
Le succès planétaire de « Soul Makossa »En 1972, Manu Dibango connaît une ascension fulgurante avec le titre « Soul Makossa ». Initialement destinée à être un hymne pour la Coupe d’Afrique des Nations, cette chanson devient un hit mondial grâce à son groove irrésistible et ses paroles entêtantes. Le morceau influence profondément la musique pop et disco, et sera samplé par des stars comme Michael Jackson dans « Wanna Be Startin’ Somethin' » et Rihanna dans « Don’t Stop the Music ».Grâce à ce succès, Manu Dibango devient un artiste internationalement reconnu, se produisant sur les plus grandes scènes du monde et collaborant avec des légendes comme Herbie Hancock, Fela Kuti et Peter Gabriel.
Un artiste prolifique et engagé
Tout au long de sa carrière, Manu Dibango enchaîne les albums et explore divers genres musicaux, du jazz au reggae en passant par l’électro. Parmi ses œuvres marquantes, on retrouve : »Africadelic » (1973), un album instrumental qui fusionne jazz et musique africaine. »Gone Clear » (1980), aux influences reggae. »Wakafrika » (1994), où il réinterprète des classiques africains aux côtés d’artistes comme Salif Keita et Youssou N’Dour.Engagé dans la promotion des musiques africaines, il devient un ambassadeur culturel, œuvrant pour une meilleure reconnaissance des artistes du continent. Il est également un fervent défenseur du droit des musiciens face à l’exploitation de leurs œuvres.
Une vie personnelle discrète mais ancrée dans la musique
Manu Dibango partage sa vie avec Marie-Josée (surnommée Coco), son épouse et soutien indéfectible. Le couple a eu quatre enfants, dont James BKS, qui marche aujourd’hui sur les traces de son père en tant que producteur et artiste.Même si sa vie privée est peu médiatisée, Manu Dibango reste un homme humble et généreux, très attaché à ses racines camerounaises. Il multiplie les actions en faveur de la jeunesse africaine et de la transmission du patrimoine musical.
Une disparition qui a ému le monde entier
Le 24 mars 2020, Manu Dibango s’éteint à Paris des suites de la COVID-19, à l’âge de 86 ans. Son décès suscite une vague d’émotion à travers le monde. De nombreuses personnalités lui rendent hommage, saluant son immense contribution à la musique.En 2021, le documentaire « Tonton Manu » retrace son parcours exceptionnel et met en lumière son rôle de pionnier. Sa musique continue de résonner à travers les nouvelles générations d’artistes et reste un témoignage vivant de son talent et de son engagement.
Manu Dibango laisse derrière lui une discographie riche et une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique. Il a su briser les frontières musicales et imposer l’afro-jazz sur la scène internationale.Aujourd’hui encore, ses rythmes envoûtants et son énergie communicative continuent d’inspirer musiciens et mélomanes à travers le monde. Son saxophone résonne toujours, symbole d’une Afrique vibrante et universelle.
